GenèveLe Fesses-tival prône le sexe joyeux et bienveillant
La 5e édition de la manifestation a conservé son crédo: la découverte des désirs et des identités sexuelles, sans jugement aucun.
«J’ai ôté mes vêtements, je suis sur mon lit… Vous avez cinq minutes pour répondre!» Petits rires dans la salle. Puis les onze personnes participant à l’atelier sexting (l’envoi de messages érotiques via son smartphone) se lancent dans l’écriture de leur réplique, poétique ou crue, c’est sans importance. Le style compte peu, les conseils et le partage priment.
«On va notamment travailler sur le consentement mutuel, qui pour nous constitue une base de l’atelier et du sexe en général, expose Tamara Fischer, co-conceptrice du projet. Il faut demander la permission d’envoyer une photo de soi nu, par exemple, et accepter de recevoir un non. C’est important aussi de sonder les désirs de l’autre, plutôt que de ne penser qu’à ses propres fantasmes.»
Pas inciter mais éduquer
Durant le weekend, au centre autogéré de l’Usine entre autres, le Fesses-tival a passé en revue sexualités diverses et inclusion, via des expos, des films ou des conférences, avec le dialogue comme arme de tolérance massive. «On ne propose pas d’initier le public à telle ou telle pratique, prévient Naïma Pollet, co-directrice. Il s’agit de découvrir et de se renseigner, sans peur, sans stress et sans jugement. Libre ensuite à chacun d’aimer ou pas.»
Au Fesses-market, vulves et verges fluos éducatives trônent sur une table voisine d’un stand d’art. Dans la pièce d’à côté, une artiste à la voix éthérée crée des boucles rythmiques, quasi nue devant son sampler. Elle montre son corps qui peu à peu s’oublie pour ne faire qu’un avec la musique. Au bar, Nas, 27 ans, arbore un sourire timide: «Au festival, je me sens libre de me maquiller et de m’habiller comme je veux, débarrassé de la curiosité malveillante que suscitent ailleurs queer ou trans. Ici, je suis en sécurité.»
Un cocon bienveillant
Maître mot de la manifestation: la bienveillance. «Depuis la première édition, il y a cinq ans, on a eu d’excellents retours, se réjouit Naïma Pollet. Des gens nous ont avoué qu’ils avaient eu peur de venir mais qu’au final, ils avaient pu poser des questions sans se sentir moqués.» Louise, qui déambule entre les tables du marché, confirme: «C’est un cocon qui fait du bien».