Suisse romandeL’intégration des élèves ukrainiens dans les écoles suscite le débat
Les Cantons de Vaud et du Valais estiment que tout va bien, alors que les enseignants se sentent livrés à eux-mêmes et que certains parents s’inquiètent.
Au salon de coiffure ou autour de la machine à café du bureau, il n’est pas rare d’entendre des parents déplorer: «Le rythme des cours, dans les classes de mes enfants, a fortement ralenti depuis l’arrivée des élèves ukrainiens. À mon avis, ils n’arriveront jamais au bout du programme.» Mais les autorités cantonales veulent tordre le cou à cette rumeur: «Nous n’avons rien constaté de tel pour le moment. Toutefois, nous ne fermons pas les yeux sur certaines situations particulières plus difficiles. La plupart du temps, ces enfants apprennent très vite et leur présence en classe constitue une richesse, permettant de vivre la solidarité et l’ouverture culturelle au quotidien», explique le canton du Valais.
Et les autorités vaudoises d’ajouter: «Le corps enseignant est qualifié pour recevoir des enfants allophones dans les classes et assurer le programme en fonction des différents niveaux qui les composent. D’ailleurs, les études à ce sujet ont plutôt tendance à démontrer que, après un temps d’adaptation, l’accueil de migrants produit des effets positifs sur les apprentissages de l’ensemble de la classe.»
Les moyens ne suffisent pas
Ce constat n’est toutefois que partiellement partagé par le Syndicat des enseignants romands (SER), qui estime que les moyens humains à disposition ne suffisent pas. «Pour les enseignants, c’est surtout l’incertitude qui règne autour du nombre d’arrivées, de l’évolution de la situation en Ukraine, et de l’intégration bureaucratique rapide, qui peut poser des problèmes. L’intégration dans les plus brefs délais d’élèves arrivant d’Ukraine est un défi qu’il n’est pas toujours facile à gérer notamment si les effectifs sont déjà élevés», ajoute David Rey, président du SER.
Répartition dans les régions
De nombreux Romands ayant accueilli à leur domicile des réfugiés ukrainiens, ces derniers sont présents dans la plupart des régions. Néanmoins, «les écoles situées à proximité de foyers de l’EVAM sont plus sollicitées que les autres», partage le Canton de Vaud. Ainsi, sur 1165 élèves ayant fui l’Ukraine et étant scolarisés sur Vaud, 234 l’ont été dans le secteur Lavaux-Riviera, 223 à la Dôle, et 151 dans les Alpes vaudoises. À titre de comparaison, ils ne sont que 111 dans la région lausannoise, pourtant bien plus densément peuplée. Toutes les statistiques sont disponibles sur le site vd.ch.
Le dialogue pour désamorcer
«Il importe que la communication auprès des parents soit claire, notamment là où il y a des centres, afin de désamorcer rapidement les inquiétudes. Les autorités scolaires doivent être transparentes et signaler si le nombre d’élèves est trop important ou devient difficile à gérer et ne pas prendre le risque de minimiser les éventuelles difficultés rencontrées par les enseignants», estime le président du SER. Le Canton de Vaud ajoute: «Nous ne pouvons qu’encourager les parents inquiets à discuter de leurs craintes avec les enseignants ou la direction de l’établissement de leur enfant. Ils sont les plus à même de leur donner des informations sur leurs élèves et les dynamiques de classe.»