GenèvePro Vélo veut ériger les cycles en rois de la ville
L’association presse les partis politiques d’agir en faveur de la petite reine. Elle a distribué les bons et les mauvais points en matière d’aménagements cyclables.
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La COP 27, la conférence des Nations unies sur le changement climatique, a débuté lundi. L’association Pro Vélo Genève s’est emparée de cette actualité pour réclamer ce vendredi un «Plan Marshall» de la bicyclette. Son président Olivier Gurtner a en effet estimé que pesait sur la planète «une menace très sérieuse de suicide collectif». Observant «que Genève a affronté trois canicules en six ans», il juge que «la législature qui débutera l’an prochain sera cruciale pour empêcher une hausse de température de 1,5 degré.» Pro Vélo demande donc aux partis politiques «un plan d’action pour véritablement s’engager dans la transition écologique».
«Coronapistes» saluées
L’association a tenu à souligner ce que Genève avait à ses yeux bien fait ces dernières années: les sept kilomètres de «coronapistes», ces larges voies cyclables surgies au centre-ville au début de l’épidémie de Covid; le réseau de vélos en libre service; le U cyclable lacustre et la Voie verte d’agglomération. Elle soutient aussi avec vigueur le projet de généralisation du 30 km/h porté par le Conseil d’Etat, que l’UDC, le PLR, le MCG, le TCS et les milieux patronaux ont attaqué en justice.
Le test de l’enfant de 8 ans
Pro Vélo juge en revanche que beaucoup reste à accomplir. Thomas Dagonnier considère, dans une logique de séparation des usagers, qu’il s’agit à présent de «construire sur ce qui a déjà été fait» et de «remplacer les bandes cyclables (ndlr: juste dessinées au sol) par des pistes» afin de vraiment isoler les deux-roues du reste du trafic. «Il y a une façon simple d’évaluer la qualité d’un aménagement cyclable, expose Jennifer Conti. Y laisserait-on un enfant de 8 ans circuler seul?».
«Carton jaune» à la Fondation des parkings
L’association qui déclare plus de 2400 membres adresse aussi «un carton jaune» à la Fondation des parkings pour le système d’accès en ligne aux vélostations. «Entre l’arrivée et la pose du vélo, quasiment soixante clics sont nécessaires, observe Olivier Gurtner. Ce n’est pas du tout intuitif, ni attractif: les statistiques de remplissage sont très mauvaises.» Or, ce type d’infrastructures paraît essentiel à Jennifer Conti, qui défend l’idée «qu’une mobilité qui fonctionne combine les différents modes de transport.» C’est pour cette raison que Pro Vélo plaide pour une augmentation des places de stationnement en surface dédiées aux cycles, notamment près des arrêts TPG.
Douze autoroutes à vélos
L’association estime enfin que le projet de loi du Conseil d’Etat visant à créer douze axes forts pour les cyclistes pressés d’ici 2032 (un investissement qui devrait atteindre 150 millions de francs), actuellement étudié en commission parlementaire, «doit être voté maintenant», parce que sur le front du climat, le temps presse. Mais d’une manière générale, note Olivier Gurtner, «l’ennemi principal, c’est le manque d’espace», indispensable à la séparation des différents usagers de la route. Le conseiller d’Etat, Serge Dal Busco, semble se situer sur la même ligne. En janvier, présentant ce projet «d’axes forts», il déclarait ceci à la «Tribune de Genève»: «Si on ambitionne de réduire de 40% les transports individuels motorisés, ce n’est que par une réallocation de l’espace qu’on trouvera des solutions, en sachant que le vélo en nécessite moins qu’une voiture.»