Ville de Genève«C’est devenu mission impossible d’attacher son vélo»
En concurrence avec les deux-roues motorisés pour se parquer et face au manque d’arceaux, les cyclistes sont forcés de se rabattre sur les trottoirs. Les autorités tentent d’avoir une vision plus globale.
Les cyclistes genevois tirent la gueule face au manque de places munies d’arceaux (barres prévues pour accrocher un cycle, aussi appelées épingles, ndlr). «C’est devenu impossible de trouver un endroit où attacher son vélo. À chaque fois, c’est un casse-tête», s’insurge Loris. «Aux Eaux-Vives, c’est l’enfer. J’étais obligée de le cadenasser à un poteau», abonde Juliette. Et ils ne sont pas les seuls à faire ce constat. «Des habitants des Pâquis, des Eaux-Vives, mais aussi de la Jonction estiment qu’il n’y a pas suffisamment d’installations», confirme Thibault Schneeberger, cosecrétaire d’actif-trafiC. «À la Servette, ce n’est pas fou non plus», relève Anouk, qui vit dans le quartier.
Conflit entre vélos et deux-roues motorisés
Fâché, Loris prévoit d’interpeller la Ville de Genève à ce sujet. «Les arceaux sont enlevés à cause des travaux ou alors pour créer des emplacements pour les motos et les scooters. Sur la place de Neuve par exemple, il n’y a plus aucune barre.» Idem à la rue des Rois, à Plainpalais, où des travaux ont débuté il y a de longs mois. Alors que la zone comptait une dizaine d’épingles, elles ont toutes disparu au profit de simples marquages au sol, pris d’assaut par les deux-roues motorisés.
«Cette façon de faire est problématique, car elle entretient un flou entre les différents usagers. », souligne Yves Gerber, directeur de la section genevoise du Touring Club Suisse (TCS), qui rappelle que les motos et les scooters peinent à trouver des places, depuis qu’ils ne sont plus autorisés à stationner sur les trottoirs. Résultat: «Les vélos et les deux-roues motorisés sont en concurrence pour se parquer», explique Christine Jeanneret, coordinatrice à Pro Velo.
Une question de sécurité
À ce manque de lisibilité, s’ajoute un problème de sécurité. «Quand on a un vélo qui coûte près de 10’000 francs, on veut l’accrocher à quelque chose. Sinon c’est un peu comme dire: «Servez-vous», poursuit le responsable du TCS. Les chiffres de la police en attestent. L’an dernier, 2775 vélos ont été volés (1002 véhicules à moteurs et 1773 classiques), contre 2400 en 2019 (2130 vélos classiques et 270 électriques).
Ainsi, le manque d’arceaux se fait davantage ressentir depuis la hausse du nombre de cycles électriques survenue avec le Covid. «De plus en plus de parents se déplacent à vélo cargo ou en long trail avec leurs enfants, mais ils ne trouvent pas de places adaptées», regrette Christine Jeanneret, qui prédit une aggravation de la situation.