Canton de VaudUne pétition veut freiner l’éducation numérique
Des associations d’enseignants questionnent la plus-value pédagogique de l’enseignement par le numérique. Ils demandent un gel de la généralisation du projet mais le Canton ne l’entend pas de cette oreille.
«Il ne faut pas faire du numérique pour faire du numérique. Son utilisation doit répondre au projet pédagogique», estime Gregory Durand, président de la Société pédagogique vaudoise (SPV). En 2019, le Grand Conseil avait débloqué 30 millions de francs pour les trois premières années de mise en œuvre du chantier amorcé par l’ex-conseillère d’Etat PS Cesla Amarelle: l’éducation numérique. Avant que son successeur PLR, Frédéric Borloz, n’engage des fonds supplémentaires pour ce projet, la SPV, le Syndicat des services publics (SSP) ou encore la Société vaudoise des maîtres secondaires (SVMS) ont lancé, jeudi, une pétition visant à «mettre ce chantier sur pause», le temps de «l’évaluer démocratiquement, en se basant sur l’expérience de terrain et la littérature scientifique».
Quelle plus-value?
«Le but est d’ouvrir le débat public sur la place du numérique à l’école et sa plus-value», résume Marc Gigase, enseignant et membre du groupe enseignement du SSP. S'il paraît légitime aux auteurs du texte d’éduquer les jeunes au numérique en les sensibilisant aux possibilités et aux dangers de celui-ci, l’apprentissage via l’ordinateur ou la tablette suscite les inquiétudes.
«Déjà que ce n’est pas facile du point de vue logistique, on constate que les activités numériques actuelles ne permettent pas forcément de développer de nouvelles compétences», soulève Gregory Durand. Alors que «l’impulsion à user de la tablette» est bien présente, les auteurs du texte s’inquiètent aussi des risques sanitaires et psychosociaux chez les élèves et de l’impact «désastreux» des nouvelles technologies sur l’environnement. La démarche est déjà soutenue par des médecins, logopédistes ou encore anthropologues.
Affaire à suivre
Si l’actuel chef du Département de l’enseignement et de la formation (DEF) a annoncé en août dernier son souhait de valoriser les formations professionnelles pendant son mandat, il a aussi dit vouloir poursuivre le projet d’éducation numérique. Jeudi, le DEF a confirmé son intention de continuer sur cet élan, «afin de ne pas prendre plus de retard par rapport à la Suisse alémanique».
Julien Schekter, porte-parole du DEF, rappelle qu’à la fin de cette année scolaire, l’éducation numérique, qui s’inscrit dans le Plan d’études romand (PER), concernera près de 37’000 élèves de l’école obligatoire et 3900 enseignants. «Geler le projet pour l’évaluer serait une erreur puisque l’évaluation du bien-fondé pédagogique est constante! Les enseignants sont nos experts lorsqu’ils nous font des retours, en plus des partenaires du projet (HEP, UNIL, EPFL)», déclare le communicant.
À noter que l’échéance pour la récolte de signatures, sans seuil minimum, a été fixée au 30 novembre. La pétition sera ensuite remise au Grand Conseil.