Vevey (VD): «Vous avez poussé le charity-business à l’extrême limite»

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Vevey (VD)«Vous avez poussé le charity-business à l’extrême limite»

Sous couvert d’aide aux handicapés, une famille s’en est mis plein les poches. Mais il n’y a pas escroquerie, a conclu la justice.

L’entreprise vend des bougies, du savon, des balais et d’autres produits de consommation courante.

L’entreprise vend des bougies, du savon, des balais et d’autres produits de consommation courante.

Pixabay

Après dix ans de procédures et de multiples renvois, le verdict est tombé lundi. Accusés d’escroquerie, un couple français de 80 ans et leur fille de 59 ans ont été acquittés par le Tribunal de Vevey. On leur reprochait notamment de vendre des produits de consommation courante, comme des bougies ou du papier toilette, à des prix surfaits, en faisait croire à leurs clients que l’argent servirait à aider des handicapés. Un stratagème qui leur a permis d’empocher des millions.

Tant dans son matériel de communication que dans son «fil rouge» pour le télémarketing, le trio alimentait la confusion. «Ils jouent avec les mots et les maux», a imagé la procureure, qui avait requis 2 ans de prison avec sursis. Leur stratégie a finalement valu aux deux prévenus présents – la mère était absente pour raisons médicales – un tirage d’oreilles: «Vous avez poussé le charity-business à l’extrême limite. Un pas de plus, et vous basculerez dans l’illégalité», estime la présidente.

La subtilité réside dans le fait que, bien que payés au lance-pierre, leurs employés sont effectivement handicapés ou en réinsertion sociale. De plus, parmi les fournisseurs de l’entreprise, deux fonctionnent comme ateliers protégés. Ainsi, indirectement, les prévenus aident bel et bien des personnes qui traversent une situation difficile. Ne dit-on pas que le diable est dans les détails?

Un clin d’œil qui est plutôt mal passé

Pourtant de bonne humeur jusque-là, la présidente du tribunal a été fortement agacée par un détail. Alors qu’elle demandait au père quels étaient les fournisseurs de l’entreprise, à l’époque où il s’occupait encore de sa gestion, celui-ci a répondu: «Je ne m’en souviens pas», avant d’adresser un clin d’œil à son avocat. «Le clin d’œil, ça ne va pas passer. Je veux bien être gentille, mais il y a des limites. Veuillez respecter ce tribunal», l’a-t-elle tancé.

Pas de plainte

Dans cette affaire, personne n’a porté plainte malgré sa médiatisation. Et cette absence de lésé, alors que l’entreprise compte 50’000 clients, a largement profité aux accusés. Sans victime, aucun dommage n’a pu être chiffré et le Ministère public n’a pas pu accuser les prévenus de concurrence déloyale. Contrairement à l’escroquerie, elle ne se poursuit pas d’office. Enfin, comme l’a habilement démontré la défense, bougies en main, il existe sur le marché des produits semblables, mais encore plus chers.

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