NeuchâtelDes jeunes mandatés par la police pour parler «bédo au volant»
Une classe d’arts appliqués a réalisé un clip de prévention contre la conduite sous l’influence du cannabis. Ironisant sur la sensibilisation «à la grand-papa», ils font le pari de l’humour pour tenter de toucher leur génération.
«Stop aux stups, stop aux stups», c’est la musique que diffuse un policier aux cheveux blancs sur un vieux radiocassette dans le but de dissuader une bande de jeunes défoncés de prendre la voiture pour rejoindre des potes. «Ouais, c’est ça…, lui répondent-ils, indifférents. Bon, on y va?»
La scène d’ouverture de la vidéo de prévention réalisée par dix jeunes du pôle d’arts appliqués du Centre de formation professionnelle neuchâtelois (CPNE) donne peu d’espoir: la prévention, ça ne marche pas trop. Mais c’était sans compter sur cette classe qui a relevé le défi d’en faire quelque chose de marrant, destiné à leur génération, les 15-30 ans, parmi les plus touchés par le cannabis au volant. «On a dit d’entrée qu’on ne voulait pas faire quelque chose de moralisateur, explique Mahé, 18 ans. Du coup, c’est pas qu’on se moque, mais on a joué sur les clichés.»
Comment se faire porte-parole de la police quand on est le cœur de cible du message? «C’était un bon exercice, réagit Aude, 25 ans. Je pense que, tant les jeunes de la police, on a des gros préjugés en tête, mais on s’est rencontré, on a discuté, et les clichés sont tombés.» Quant à savoir si eux-mêmes semblent avoir été sensibilisés par leur propre travail, la réponse semble plutôt positive. «On n’est pas en train de dire qu’il ne faut plus jamais rien toucher, poursuit-elle. Mais au volant, non.»