GenèveLicenciés sans solution après leur retour de maladie
Avenir Syndical a saisi les Prud’hommes pour des cas de «licenciements abusifs» concernant des employés de Swissport âgés de 50 ans et plus. L’entreprise conteste.
«Ça fait vingt ans que je travaille à Swissport, j’étais un employé modèle mais, quand je suis revenu d’un congé maladie après 180 jours, on m’a licencié sans rien me proposer.» Julien*, 55 ans, en a gros sur la patate. La société de maintenance au sol à l’aéroport de Genève a remercié le bagagiste à son retour au travail.
Si le délai de protection dont bénéficie un employé en congé maladie (de 30 à 180 jours selon l’ancienneté) a bien été respecté, en revanche Julien n’aurait pas reçu, comme la loi le prévoit pour les collaborateurs de 50 ans et plus, de proposition de son patron pour le maintenir en emploi. C’est ce qu’a dénoncé, lundi, Avenir Syndical. «Swissport se moque de la jurisprudence fédérale, qui indique pourtant que l’employeur doit tout faire pour éviter de licencier les travailleurs âgés.»
Le syndicat a annoncé avoir saisi le tribunal des Prud’hommes pour six ou sept cas de «licenciements abusifs». «On assiste aujourd’hui à une traque aux incapacités de travail», a souligné le secrétaire syndical Yves Mugny, évoquant un «climat de terreur» au sein de l’entreprise, où l’«on est en train d’écrémer les anciens de Swissair» (ndlr: la maison mère, aujourd’hui disparue, de Swissport) pour les remplacer, selon lui, à de moins bonnes conditions.
Raisons disciplinaires
Interpellé, Swissport répond qu’elle «ne remplace pas de manière systématique ses anciens employés par des plus jeunes» et que «chaque recrutement et chaque formation impliquent des coûts importants»: «Swissport n’a donc aucun intérêt à se diriger vers une telle stratégie». L’entreprise précise qu’en 2022 Swissport Genève a procédé à 37 licenciements fin octobre. «La majorité d’entre eux pour des raisons disciplinaires et non pour des raisons d’impossibilité de réintégration», affirme la société.
Par ailleurs, l’entreprise indique investir «depuis des années» pour accompagner les employés absents pour maladie ou accident afin de les réintégrer à leur poste de travail. «À l’issue de la période de protection, on vérifie à chaque fois si la situation personnelle du collaborateur et les besoins de l’organisation du travail sont en adéquation.» Toutefois, «si la personne ne peut pas revenir pour des raisons de santé et qu’il n’y a aucune perspective de réintégration partielle ou totale, Swissport se voit contraint de repourvoir le poste, dans le respect de la loi sur le travail».
Solutions de soutien
Enfin, l’entreprise dit avoir mis en place des solutions pour le personnel ayant des restrictions temporaires de santé pour continuer le travail, comme du transport de personnes ou d’autres tâches simples, ainsi que des «plans de soutien avec des créations de postes spécifiques», notamment pour les collaborateurs avec ancienneté élevée.