MobilitéBerne encourage Genève à tester le péage urbain
La Confédération a retenu le projet du canton du bout du lac, qui veut tester la taxation des voitures à l’entrée et à la sortie du centre-ville. Une étude de faisabilité sera rendue dans un an.
- par
- JérômeFaas/David Ramseyer
La mise en œuvre d’un système de péage urbain se précise à Genève. Ce jeudi, la Confédération a indiqué avoir sélectionné le projet proposé par le canton du bout du lac. Il doit maintenant faire l’objet d’une étude de faisabilité, mais ses contours sont déjà très précis.
Payer pour entrer et sortir
Genève prévoit un péage «en cordon», c’est-à-dire encerclant une large zone urbaine (voir carte ci-dessous). Les voitures de tourisme et de livraison seraient soumises à une taxe aussi bien pour y pénétrer que pour en sortir. Le tarif serait différencié en fonction de l’heure: environ 1 franc aux heures creuses, environ 2,50 francs aux heures de pointe. À ce jour, les deux-roues motorisés ne seraient pas concernés, mais la question «est toujours ouverte», précise le document de l’administration fédérale.
L’objectif d’un tel péage est de réduire la congestion routière aux heures de pointe et de diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Selon une étude commandée par le Grand-Conseil et livrée en 2019, pareil dispositif pourrait réduire de 75% le trafic au centre-ville et rapporter 130 millions de francs par an. La Confédération a annoncé avoir retenu des projets similaires pour les villes de Bienne (BE) et de Frauenfeld (TG) (cf. encadré).
Faisabilité par encore garantie
Des questions restent en suspens. Si payer pour entrer peut se comprendre afin de désengorger le centre-ville, quel est l'intérêt de taxer les véhicules qui en sortent? Par ailleurs comment fonctionnera le péage (puce électronique, système couplé de caméra et de paiement online comme à Londres, etc.)? Si l’essai est concluant, quand le dispositif sera-t-il installé? L’étude de faisabilité, qui devrait être achevée fin 2023, répondra à toutes ces interrogations, selon le Département des Infrastructures (DI). Son porte-parole, Roland Godel, estime que «l’on saura alors si une telle solution est fiable et performante. À ce stade, aucun calendrier ne peut être posé quant à une mise en œuvre concrète du projet. On est sur du long terme!»
Chargé du DI, le conseiller d’Etat Serge Dal Busco se réjouit que la Confédération ait retenu le projet genevois. «En 2015 déjà, le Grand Conseil votait un premier crédit pour examiner l'opportunité d'instaurer un péage urbain. Désormais, nous allons pouvoir approfondir l'examen de ce concept, tout en s'inscrivant dans le droit fil des objectifs de la transition écologique.» Le magistrat ajoute que les études seront élargies au-delà du trafic motorisé individuel: «Elles prendront aussi en compte une prochaine expérimentation de tarification des transports publics en fonction des pics de fréquentation et des heures creuses.»
Projet différent à Bienne
L’Office fédéral des routes a retenu d’autres projets pilotes de péage urbain que celui du bout du lac. C’est notamment le cas à Bienne (BE). L'objectif est similaire à Genève - délester le centre-ville du trafic motorisé - mais avec des différences. Dans la ville seelandaise, certains axes directs menant à de grands parkings resteraient gratuits. L’étude de faisabilité déterminera les catégories de véhicules taxés, et des exceptions pour les riverains pourraient notamment être décidées. À Frauenfeld (TG), le dispositif à l’étude vise là aussi à réduire la charge de trafic au centre-ville, aux heures de pointe.