Un accord de piano pour chasser les cauchemars

Publié

GenèveChasser les cauchemars avec un simple accord de piano

Des chercheurs genevois ont élaboré une méthode «prometteuse» pour traiter les mauvais rêves, utilisant notamment la répétition d’un son.

Avec le nouveau traitement, les cauchemars ont presque disparu, et les rêves positifs ont augmenté.

Avec le nouveau traitement, les cauchemars ont presque disparu, et les rêves positifs ont augmenté.

Pixabay

La musique adoucit les mœurs, c’est bien connu. Elle peut aussi aider à soigner les cauchemars, comme le révèle une étude menée par une équipe de l’Université de Genève (UNIGE) et des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Les scientifiques ont mis au point une nouvelle méthode pour traiter les personnes dont les rêves négatifs revêtent un caractère pathologique. «S’ils sont fréquents, c’est-à-dire au moins une fois par semaine, et s’ils ont des conséquences négatives à l’éveil (détresse, mal-être, dépression, difficultés au travail), alors on parle de maladie des cauchemars, et il faut consulter un spécialiste», expose la coauteure de l’étude, Sophie Schwartz, professeure au Département des neurosciences fondamentales de l’UNIGE. Un motif de consultation toujours plus fréquent, et qui concerne environ 4% de la population.

Imaginer une autre fin

Le procédé élaboré par les chercheurs, qui allie deux méthodes (voir encadré), consiste à effectuer des exercices mentaux quotidiens durant lesquels le patient imagine une issue positive à un cauchemar, pendant qu’un son «relativement neutre», en l’occurrence un accord de piano majeur, est joué toutes les dix secondes. «L’objectif était que ce son soit associé au scénario positif imaginé», explique la scientifique. Ainsi, lorsqu’il est rejoué durant les phases de sommeil paradoxal détectées via un bandeau à électrodes, ce son est plus susceptible de réactiver un souvenir positif dans les rêves.

Plus de cauchemars après deux semaines

Cette thérapie a montré ses effets sur des patients après deux semaines: la fréquence de leurs cauchemars, qui survenaient deux à trois fois par semaine, est ainsi passée à une moyenne autour de zéro, précise Sophie Schwartz. C’était toujours le cas trois mois après, sans traitement additionnel. Un autre groupe de patients, qui effectuaient aussi les exercices mentaux mais sans y associer l’accord de piano, est passé à un cauchemar par semaine.

À terme, accessible à tous

Pour le moment, cette thérapie ne peut être utilisée en dehors de la recherche, indique l’auteur de l’étude, le Dr Lampros Perogamvros, chef de clinique scientifique au Centre de médecine du sommeil des HUG et enseignant à l’UNIGE: «Il faut plusieurs essais pour la tester avant qu’elle ne soit utilisée à grande échelle, mais c’est vrai que les résultats sont prometteurs.» Toutefois, à terme, avec le développement des technologies portables et connectées, dont le bandeau à électrodes au prix encore un peu trop élevé pour un usage privé, «cette méthode sera accessible à tous», ajoute Sophie Schwartz. Et «a priori, rien ne s’oppose à ce qu’une personne l’applique seule», même s’il est «sans doute plus efficace de le faire dans un contexte clinique».

Insomnie, anxiété

Pour les chercheurs, la prochaine étape consistera à tester cette thérapie sur les cauchemars liés à un stress post-traumatique. Par ailleurs, elle ouvre aussi de nouvelles perspectives pour soigner d’autres troubles tels que l’insomnie ou les symptômes plus larges du stress post-traumatique, comme les flash-back ou l’anxiété.

Les résultats de la recherche sont à découvrir dans la revue «Current Biology».


Deux méthodes couplées



Ton opinion

29 commentaires