Formation d’adultes: un taux d’échec genevois qui interpelle

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GenèveFormation d’adultes: un taux d’échec qui interpelle

Le nouveau mode d’évaluation du cursus pour adultes d’assistant socio-éducatif s’est soldé par neuf ratés sur douze. Les étudiants critiquent la formation. L’Etat souligne leur absentéisme élevé.  

Dorénavant, un examen fédéral sanctionne la formation pour adultes d’assistant socio-éducatif (image d’illustration).

Dorénavant, un examen fédéral sanctionne la formation pour adultes d’assistant socio-éducatif (image d’illustration).

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Douze candidats, neuf échecs. La douche s’est révélée sacrément froide pour les étudiants qui suivaient le cursus pour adultes d’assistant socio-éducatif (ASE) de l’école OrTra. En mars, la volée s’en était déjà inquiétée, jugeant que les règles avaient changé en cours de partie: les postulants au CFC avaient compris qu’ils seraient jugés sur des modules, ils ont saisi en cours de route qu’ils seraient soumis à un examen fédéral, à quitte ou double. «75% d’échec, il y a clairement un dysfonctionnement, juge Yves Mugny, d’Avenir syndical, mais personne ne veut porter le chapeau. L’OFPC (Office pour l’orientation, la formation professionnelle et continue) nous répond avoir fait tout juste, alors que ce n’est pas possible.»

«Je me suis donnée à fond»

Six étudiants ont fait recours, en vain. L’OFPC l’a rejeté, leur proposant une session de rattrapage en janvier. Trois ont accepté, mais trois autres, Carla, Stefania et Brigitte*, s’estimant dans leur bon droit, ne veulent pas en entendre parler. «Cette formation en plus de mon emploi a eu un impact très grand dans ma vie privée, explique Stefania, en larmes. Je n’avais plus aucune vie sociale. Je me suis donnée à fond et 22 mois plus tard, je découvre que c’est pour ça…» Terriblement touchée, elle dit ne pas avoir la force de remettre ne serait-ce qu’un pied à l’école OrTra, et veut obtenir un diplôme qu’elle estime mériter.

Les trois femmes pourraient saisir la justice administrative, mais Yves Mugny préfère l’éviter. «Cela prendrait des mois avant d’avoir une décision, des mois durant lesquels elles n’auraient pas de diplôme.» Impensable pour Carla. «Si je n’ai pas de CFC, je n’ai pas d’emploi, je perds toute mon indépendance, alors que je suis une mère célibataire avec des enfants à élever.»

Longue liste de griefs

Alors qu’elles appartenaient à une volée à cheval entre deux modes d’évaluation (lire l’encadré), elles affirment avoir été victimes de plusieurs incongruités. En vrac: «L’examen final était basé sur des livres qui n’ont pas été utilisés durant les modules; les modules ont été pris en compte pour les personnes en validation d’acquis qui suivaient la même formation, mais pas pour nous; certains formateurs ignoraient que l’on était soumises à un examen final théorique et ne nous y ont pas préparées; nous avons appris après coup que nous étions soumises à une procédure de qualification impliquant un an de cours non obligatoires, alors que notre présence a été exigée durant deux ans.»

«Au politique de s’engager»

Bref, résume Yves Mugny, «une très grande confusion» semble avoir régné durant cette formation coincée entre l’ancien et le nouveau régime. Confusion dont les étudiants ne sont pas responsables et qui aurait engendré le taux d’échec vertigineux observé – et redouté en amont déjà par les adultes en formation qui avaient tiré la sonnette d’alarme. «Ce devrait être au politique de s’engager là-dessus. Considérer la réussite des modules pour pondérer la note obtenue lors de l’examen final aurait constitué une sortie élégante pour tout le monde. L’OFPC n’en a pas voulu. Il y a encore la possibilité que la conseillère d’Etat intervienne», espère le syndicaliste. 

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