À moitié nues et humiliées par leur sergente à l’armée

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Caserne de Sand-Schönbühl (BE)À moitié nues et humiliées par leur sergente à l’armée

Un appel du soir a viré au cauchemar pour 16 jeunes femmes cet été. L’armée a sanctionné les responsables, qui ont reconnu avoir dérapé.

Une chambrée a payé cher son retard dans la préparation du coucher, un soir de juillet dernier.

Une chambrée a payé cher son retard dans la préparation du coucher, un soir de juillet dernier.

Keystone

«C’est quoi ce bordel? Qu’est-ce que vous foutez?» La voix de la sergente chargée de l’appel du soir résonne encore dans la tête de 16 recrues féminines du Centre de compétences du service vétérinaire et des animaux de l'armée. Le 21 juillet dernier, cette gradée est entrée dans une colère noire en raison d’un retard dans une chambrée. «Elle nous avait donné dix minutes pour toutes nous doucher et nous changer, raconte une recrue romande présente. A seize, c’était impossible.»

Juste un linge sur le dos

A son retour, la sergente a passé un sacré savon aux retardataires, encore en sous-vêtements pour certaines. Mais elle ne s’est pas arrêtée là. «Elle nous a fait nous mettre en position de gainage, avant-bras au sol, le corps relevé, reprend notre témoin. A côté de moi, une camarade n’avait que son linge sur le dos.» Le calvaire a alors duré neuf minutes. Plusieurs filles étaient en pleurs. «Si l’une de nous avait le malheur de glisser sur le sol en plastique mouillé, la sergente nous insultait et nous poussait du pied. Ce comportement est juste dégoûtant.»

Les recrues ont dénoncé cet épisode et l’affaire est remontée jusqu’à la commandante de compagnie. Contacté, un porte-parole de l’armée confirme que l’auteure principale de la punition et une complice restée passive ont écopé d’une «sanction disciplinaire». Laquelle? Impossible de le savoir. Selon notre recrue de Sand-Schönbühl, cette sanction n’a toutefois pas empêché la sergente de partir en école d’officiers afin de devenir lieutenant. «C’est ça la punition? Et dire que nous n’avons jamais eu d’excuses», conclut-elle.

Tolérance zéro

«L’armée n’accepte pas un tel comportement dégradant et humiliant pour les jeunes personnes qui nous sont confiées», affirme son porte-parole Daniel Reist. Selon lui, l’enquête disciplinaire à Sand-Schönbühl parle toutefois de pompes et ne fait pas état d’insultes, ni de poussées du pied. Il n’empêche que les deux sergentes «ont reconnu formellement que leur comportement était inacceptable». A noter qu’environ 30% des effectifs – recrues et cadres – sont féminins au Centre de compétences du service vétérinaire et des animaux de l'armée. Ce pourcentage est en constante augmentation.

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