«Actes génocidaires» à Gaza«Israël veut empêcher les naissances palestiniennes», dit l'ONU
Le rapport pointe aussi du doigt «des conditions de vie visant à entraîner la destruction physique des habitants de Gaza», ce que récuse Benjamin Netanyahu.

Le rapport onusien pointe notamment du doigt la destruction par les forces de sécurité israéliennes de la plus grande clinique de fécondation in vitro.
AFPLes attaques «systématiques» d’Israël contre la santé sexuelle et reproductive à Gaza sont des «actes génocidaires», selon les conclusions, jeudi, d’une commission d’enquête des Nations unies, «qualifiées de fausses et absurdes» par le Premier ministre israélien.
«La commission a constaté que les autorités israéliennes ont en partie détruit la capacité des Palestiniens à Gaza – en tant que groupe – à faire des enfants, à travers la destruction systématique des soins de santé sexuelle et reproductive», a-t-elle indiqué dans un communiqué.
«Il reste à examiner l'intention»
Selon une convention de l’ONU de 1948, cinq types d’actes peuvent être considérés comme constitutifs d’un génocide. Et la Commission estime que deux d’entre eux ont été commis à Gaza: les «mesures visant à entraver les naissances» et la «soumission intentionnelle» d’un groupe à des conditions d’existence «devant entraîner sa destruction physique».
Chris Sidoti, avocat australien spécialiste des droits humains et membre de la commission, a expliqué lors d’un point de presse, à Genève, que le crime de génocide concernait l’action et l’intention et que le rapport n’avait jusqu’à présent examiné que l’action.
«Actes génocidaires, pas génocide»
«Nous n’avons pas conclu à un génocide. Nous avons identifié un certain nombre d’actes qui constituent les catégories d’actes génocidaires au regard de la loi. Nous n’avons pas encore examiné la question de l’objectif génocidaire», a-t-il expliqué. «Nous serons bientôt en mesure de traiter de manière exhaustive la question du génocide», a-t-il ajouté.
Chris Sidoti accuse les autorités israéliennes de «faire obstruction» au travail de la commission et de «mensonge chronique». Dans ce nouveau rapport, la commission pointe du doigt la destruction par les forces de sécurité israéliennes de la plus grande clinique de fécondation in vitro al Basma, qui conservait des milliers d’embryons.
Cette destruction «visait à empêcher les naissances de Palestiniens à Gaza» et constitue à ses yeux «un acte génocidaire», selon la commission, créée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU en 2021. Elle conclut également que cette destruction «visait à détruire les Palestiniens de Gaza en tant que groupe».
Destruction des services d'obstétrique
Les forces de sécurité israéliennes «ont délibérément imposé des conditions de vie visant à entraîner la destruction physique des Palestiniens de Gaza», selon la commission, pour qui il s’agit également d’un acte génocidaire.
«Des femmes et des jeunes filles sont mortes de complications liées à la grossesse et à l’accouchement en raison des conditions imposées par les autorités israéliennes, qui leur ont refusé l’accès aux soins de santé reproductive – des actes qui relèvent du crime contre l’humanité d’extermination», relève également la commission, qui a déjà accusé Israël de crimes contre l’humanité et le Hamas de crimes de guerre.
Des ONG, dont Amnesty International, et des experts indépendants de l’ONU ont accusé Israël de génocide à Gaza. En novembre, un comité spécial de l’ONU avait également jugé que les méthodes de guerre employées par Israël à Gaza présentaient les «caractéristiques d’un génocide».