Aide à l'Ukraine«Le National se plante de vote au moins une fois par session»
Lors d'un vote sur l'aide à l'Ukraine, le Conseil national a failli voter pour, alors que la majorité penchait contre. La cause? Une subtilité, et... l'inattention.
Un rire a traversé l'assemblée au moment de réaliser que la question avait été posée à l'envers.
parl.chÊtre parlementaire est une tâche qui nécessite une attention de tous les instants. Celle-ci a été mise à l'épreuve ce mercredi lors d'un vote sur une hausse de l'aide à l'Ukraine, qui a bien failli faire dire aux élus l'inverse de ce qu'ils pensaient. La gauche du Parlement (à droite sur l'image) s'est d'abord colorée en vert, comme oui, et la droite en rouge, comme non... Avant qu'un rire traverse l'assemblée et que les couleurs s'inversent rapidement. Le scrutin s'est terminé par un oui à 111 voix contre 73 ... un oui qui signifie en réalité un refus du texte. Pas étonnant qu'un élu inattentif se trompe de bouton.
Un oui pour un non
«Je vous explique volontiers ce qui s'est passé», se propose Pierre-André Page (UDC/FR), vice-président du Conseil national. Tout repose sur les recommandations de vote des commissions qui ont travaillé sur le sujet: en l'occurrence, celles-ci proposaient de voter non, donc il fallait voter oui pour suivre sa proposition. «C'est toujours comme ça, et la règle est rappelée dans les deux langues, indique Pierre-André Page. Mais les parlementaires vont et viennent au gré de leurs rendez-vous ou d'interviews avec la presse, et ne peuvent pas être tout le temps attentifs. Le Conseil se plante au moins une fois par session.»
Mais pas d'inquiétude: la démocratie n'est pas en danger. Si les élus n'ont pas le temps de corriger leur vote et que le résultat s'en ressent, une motion d'ordre est déposée pour revoter. «Elles sont toujours adoptées à l'unanimité, il n'y a pas de mauvaise foi», assure l'élu.
Cette fois, en revanche, pas besoin de revoter: c'est bien un refus de la hausse de l'aide à l'Ukraine qui a été acté. En plus des 4,37 milliards déjà dépensés par le Secrétariat d'État aux migrations jusqu'à fin 2024, ainsi que 630 millions en aide humanitaire, le Conseil fédéral a prévu encore 5 milliards de francs entre 2025 et 2036, comme l'a rappelé Ignazio Cassis. N'en déplaise à Fabian Molina (PS/ZH), auteur de la motion, cela devra suffire.
Correction après la panne de l'an dernier
Après une panne du système de vote électronique l'an dernier, qui avait interrompu le travail, le National a corrigé ce mercredi les règles en la matière. Jusqu'à maintenant, le bureau devait alors appeler les 200 conseillers nationaux nommément pour leur demander leur vote. «Ça nous avait pris 20 minutes par vote, rappelle Pierre-André Page. Heureusement il ne nous en restait que deux, et le lendemain le système était reparti, mais on voit que ça ne marche pas. L'idée est donc de revenir à un vote où on se lève pour signifier son choix. Les scrutateurs devront bosser!»