VoileAlan Roura: «Ils m'appellent MacGyver»
Le Genevois de 23 ans est passé tout près de l'abandon sur le Vendée Globe. Mais il a plus d'un tour dans son sac.

Source: vendeeglobe.org.
Cela fait pile 60 jours que les skippers ont quitté les Sables-d'Olonne pour le Vendée Globe, la course autour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance, et le Genevois a bien failli devoir s'arrêter-là. C'eut été ballot pour un homme qui a opéré une fabuleuse remontée ces derniers jours et qui pointe actuellement à la 13e place du classement, à tout de même près de 6000 milles marins de Armel Le Cléac'h, leader de l'épreuve.
Il y a eu déjà douze abandons depuis le départ donné début novembre, mais l'homme aux commandes de «La Fabrique» tient bon. Et ce malgré une collision avec un objet flottant non identifié (OFNI), un safran (gouvernail) brisé et une importante voie d'eau constatée juste après le passage à la nouvelle année. Une belle leçon de courage et d'abnégation, qui bluffe même ses concurrents.
«La Direction de course impressionnée»
Heureusement pour lui, le Genevois est du genre prévoyant. Roura avait, en effet, embarqué un deuxième safran à bord avant le départ de la course, le 6 novembre dernier, et a pu remplacer le gréement cassé. «Les autres coureurs m'ont dit que j'étais un grand marin et un grand malade, a-t-il assuré dans un communiqué envoyé par son équipe à terre. Ils m'appellent MacGyver, ça y est! La Direction de course était assez impressionnée aussi... Il paraît que c'est du jamais vu de remettre un safran en si peu de temps dans de telles conditions. Ils ont dit que j'étais un champion.»
Le benjamin de ce Vendée Globe (23 ans) a donc pu réparer le gros des dégâts et maîtriser l'inondation pour reprendre sa route vers la France. L'homme a toutefois souffert dans sa chair: «Le bateau va mieux que moi. Physiquement, je suis déglingué. J'ai les coudes bien défoncés, J'ai du mal à me tenir sur mes jambes, j'ai du mal à marcher et à me lever. Passer d'assis à debout, c'est compliqué. J'ai les mains entaillées de partout. Et je suis surtout très, très, très fatigué.»
Encore 18'000 km
Il va devoir se refaire vite une santé, car Roura n'est pas à la fin de ses ennuis. Il n'a parcouru jusqu'ici «que» 61% de son pensum. Il lui reste encore la bagatelle de 9'635 milles pour atteindre la ligne d'arrivée, soit un peu moins de 18'000 km.
«Les gars m'ont dit que la course n'était pas finie, qu'ils ne sont pas si loin, a-t-il salivé. Je n'avais pas regardé le classement, de peur de voir les écarts mais au final, je suis à 150 milles de Fabrice (ndlr: Amadeo, voir carte ci-dessus), c'est faisable! Même si je suis passé sous la barre des 10 000 milles avant l'arrivée, ce qui est génial, ça laisse de quoi rattraper! On va se le passer ce cap Horn.»