AlimentationLes Suisses préfèrent de loin le bien-être animal au bio et local
Les consommateurs sont prêts à payer cher pour des produits à base de lait de vache respectueux des animaux. L'écologie et le bio passent au second plan.
![Les Suisses sont très attachés aux vaches. Raison pour laquelle ils seraient prêts à payer bien plus pour du lait ou du beurre provenant de bovins dont le bien-être a été respecté par le producteur. Les Suisses sont très attachés aux vaches. Raison pour laquelle ils seraient prêts à payer bien plus pour du lait ou du beurre provenant de bovins dont le bien-être a été respecté par le producteur.](https://image.20min.ch/2025/01/29/fc85fc93-8d3c-4c99-a42e-7a6ab4bff88a.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C1%2C4000%2C2666&s=37993e29314fb9381b2cd0409a3dfd1f)
Les Suisses sont très attachés aux vaches. Raison pour laquelle ils seraient prêts à payer bien plus pour du lait ou du beurre provenant de bovins dont le bien-être a été respecté par le producteur.
IMAGO/IP3pressC'est une étude révélatrice du comportement des Suisses face à la viande et aux animaux que vient de publier l'Université de Bâle. En effet, les consommateurs hélvétiques sont prêts à mettre la main au portemonnaie quand il s'agit d'acheter des produits provenant d'animaux dont le bien-être est respecté. Alors qu'ils s'en fichent un peu de l'écologie.
Deux chercheurs, qui ont publié leur étude dans la revue «Food Quality and Preference», ont examiné quel type de lait et de beurre un millier de Suisses, sondés en ligne, préféraient acheter et quels critères motivaient leur choix.
Les vaches doivent être libres
Verdict: les sondés se sont dits prêts à payer jusqu'à 72 centimes de plus le litre de lait, pour autant que les vaches puissent gambader librement. La préférence pour le bien-être animal était encore plus marquée lorsqu'ils ont eu le choix entre un lait respectueux de l'environnement - mais où les conditions de détention des bovins étaient déplorables - et un lait respectueux des animaux. Cette dernière solution a été clairement préférée.
Etes-vous prêt(e) à payer plus cher votre viande si elle est issue d'animaux particulièrement bien traités?
«Dans ce pays, nous avons un lien étroit avec les vaches. On les voit régulièrement à la campagne ou en randonnée. Pour nous, cet animal n'est pas une idée abstraite, mais un être vivant pour lequel nous avons de la sympathie, car nous le connaissons», analyse Aya Kachi, prof d'économie politique et de politique énergétique à l'Uni de Bâle.
Le bio loin derrière
Par contre, les Suisses sont nettement moins sensibles aux questions climatiques. Ainsi, ils se sont dit prêts à ne payer que 22 centimes de plus pour du lait bio. Et ils ne verseraient que 20 centimes de plus pour du lait ne générant que peu de gaz à effet de serre.
Hasard du calendrier, cette étude paraît alors que l'on vient d'apprendre que Migros va admettre plus de souplesse en termes de bien-être animal, pour faire baisser les prix de nombreux produits, suscitant la grogne de 68 institutions et organisations de protection des animaux, qui ont adressé une lettre ouverte au géant orange.
Une photo de la ferme sur l'emballage?
Pour Aya Kachi, ce souci du bien-être animal est une opportunité pour les agriculteurs. Avec un lait plus cher, «les revenus supplémentaires pourraient être investis dans des écuries plus respectueuses des animaux», estime-t-il. Reste à faire comprendre aux clients que le lait qu'ils achètent provient de vaches élevées de manière particulièrement classe. D'habitude, cela passe par un nouveau label, mais en Suisse, il en existe déjà une jungle, reconnaît le professeur. Il a une autre idée: «Une alternative serait, par exemple, de voir sur l'emballage de quelle exploitation provient le lait, y compris une photo de l'agriculteur et une déclaration sur l'élevage dans sa ferme».