Protéger les moins de 16 ans: Allumer sa webcam, bientôt condition sine qua non pour regarder du porno?

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Protéger les moins de 16 ansAllumer sa webcam, bientôt condition sine qua non pour regarder du porno?

En Allemagne, un logiciel de reconnaissance faciale devra peut-être bientôt être utilisé pour se rendre sur des sites X. Cette idée trouve également un écho favorable en Suisses.

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Mario Walser/ofu

Photo: Simon Glauser/20 minutes

En Suisse, la pornographie est interdite aux moins de 16 ans. Malgré cela, il n’y a pratiquement pas de mesures de protection: la grande majorité des sites sont accessibles sans contrôle d’âge. D’autres pays rencontrent le même problème. En Allemagne, un logiciel de reconnaissance faciale, qui apprend grâce à l’intelligence artificielle, devrait bientôt tenter de remédier à cette situation.

Celui qui veut regarder du porno devra donc peut-être bientôt d’abord allumer sa webcam ou sa selfiecam. Le logiciel reconnaît ensuite l’âge de l’utilisateur ou de l’utilisatrice. «L’utilisation de l’IA fait son entrée dans tous les domaines de la vie», déclare Marc Jan Eumann, président de la Commission pour la protection de la jeunesse dans les médias (KJM), au portail d’information «Euractiv». La KJM est l’organisme central de surveillance pour la protection des mineurs à la télévision nationale privée et sur internet.

Le fait que l’IA puisse désormais être utilisée pour protéger les enfants et les adolescents serait une étape importante: «C’est la prochaine étape dans la protection technique des enfants et des jeunes dans les médias». Pour plus de sécurité, une «zone tampon» devrait être créée: l’accès aux sites web dont le contenu est destiné aux plus de 18 ans ne devrait être accordé qu’à ceux qui sont considérés par l’IA comme ayant 23 ans.

«Si c’est la meilleure solution, nous devons l’examiner»

En Suisse aussi, cette solution trouve un écho favorable: «Nous avons besoin d’une solution qui fonctionne. Si la reconnaissance faciale est la meilleure, alors il faut l’envisager sérieusement… tout en respectant la protection des données et les droits de la personnalité», déclare Yvonne Feri, conseillère nationale (PS/AG) et présidente de l’Association Suisse pour la Protection de l’Enfant.

C’est pourquoi la socialiste demande que la protection par l’intelligence artificielle soit examinée de plus près. Le conseiller national Philipp Matthias Bregy (Centre/VS) est lui aussi favorable, sur le principe, à cette technologie si elle est techniquement possible: «Il faut bien analyser s’il peut y avoir des problèmes en matière de protection des données. Mais si c’est la meilleure solution, elle doit être poursuivie.» Corina Wirth, directrice de Santé publique Suisse, demande également une solution pragmatique: «Il n’est pas acceptable que les enfants et les adolescents aient accès sans problème à la pornographie sur internet», a-t-elle récemment déclaré à «20 Minuten».

La reconnaissance faciale est également une option possible pour les conseillères nationales UDC Verena Herzog, Stefanie Heimgartner et Therese Schläpfer. «Je vois simplement des problèmes dans la mise en œuvre et dans la pratique», déclare Stefanie Heimgartner. Les trois sont toutefois d’avis qu’il faut d’abord observer les résultats obtenus par l’Allemagne avec l’IA avant que la Suisse n’y consacre de gros moyens financiers.

Sécurité des données

Jorgo Ananiadis, président du Parti pirate, se montre sceptique: «C’est certainement réalisable sur le plan technique. La question est de savoir si cela mène au but recherché ou s’il ne s’agit pas plutôt de collecter des données biométriques.» Jorgo Ananiadis critique le fait que de telles tentatives engendrent insidieusement plus de surveillance: «Aujourd’hui, il faut les empreintes digitales à l’aéroport, demain la reconnaissance faciale pour la pornographie ou les commandes de vin et après-demain, toutes nos données biométriques se retrouvent dans un hack ou une fuite. C’est une évolution dangereuse.»

Jorgo Ananiadis s’interroge également quant à la mise en œuvre d’une telle méthode de surveillance: «Les fournisseurs recommandés ne semblent pas tous sérieux et pas un mot n’est dit sur la sécurité de nos données biométriques par la KJM. Aujourd’hui, de nombreux petits films sont également partagés via des applications et un tel contrôle technique n’est pas réalisable.» Pour Jorgo Ananiadis, le contrôle de l’âge dans son ensemble est une «approche honteuse»: «Au lieu de censurer l’accès à la pornographie pour les enfants et les adolescents, nous devons former l’ensemble de la société à son utilisation et à l’éducation aux médias numériques, y compris les parents et les politiques.»

«La protection des données serait théoriquement garantie»

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