BoycottAprès la grève du climat, appel à la «grève militaire»
Les sections vaudoise et genevoise de la Grève du climat appellent à refuser de servir dans l’armée et à ne pas payer la taxe d’exemption.

Les militants veulent une armée plus verte… et moins armée.
Keystone/DRQu’est-ce qui pollue et qui ne sert à rien? L’armée, répond la Grève du climat. Par communiqué de presse, ses sections vaudoise et genevoise appellent lundi à la «Grève militaire». «Nous exigeons que l’armée soit radicalement modifiée ou supprimée», dit la lettre ouverte au Conseil fédéral. Pourtant, l’armée est justement en pleine mobilisation pour soutenir la lutte contre la pandémie.
«N’y allez pas!»
Pas de quoi trouver grâce aux yeux des militants climatiques, qui n’y voient qu’une manoeuvre de l’armée pour «rechercher un sens à son existence», via une «offensive médiatique», alors que les tâches menées auraient pu l’être par d’autres personnes que des soldats. «Si vous êtes appelé au service militaire, n’y allez pas!» exhorte la Grève du climat.
C’est pourtant déjà chose plutôt aisée: celui qui refuse le service militaire peut effectuer le service civil à la place, même si ses conditions d’accès tendent à se durcir. Au fond, les seuls qui n’ont d’autre choix que de contribuer à la pérennité de l’armée sont ceux qui paient la taxe militaire. Hasard du calendrier ou non, l’appel au boycott intervient à peine quelques jours après que ceux-ci ont reçu leur facture.
«Videz votre compte!»
C’est le cas de Loris Socchi, signataire du communiqué de presse, qui annonce qu’il refusera de s’en acquitter, même s’il y a des «risques juridiques élevés», selon lui. Le refus de servir est effectivement puni par le Code pénal militaire (lire encadré). En ce qui concerne la taxe, en revanche, celui qui ne paie pas sera d’abord sommé de régler son dû, avec intérêts. Ensuite, son cas sera transmis aux poursuites. Là-contre, le mouvement propose une façon originale de s’armer contre toute saisie: «Nous vous conseillons de vider votre compte bancaire pour empêcher un prélèvement non consenti.»
L’armée, elle, ne tremble pas. En réaction à l’appel au boycott, elle rappelle sobrement que «l’obligation de servir est inscrite dans la Constitution et que les missions de l’armée sont définies par la politique.»
Un article (presque) désuet
Le Code pénal militaire prévoit toujours une peine pécuniaire ou de prison pour «refus de servir et désertion». Le refus peut être total (aucun service, par exemple pour raisons idéologiques), ou partiel (par exemple refus d’accomplir ses tirs obligatoires). Mais dans les faits, depuis que le service civil a été introduit, les cas où la justice militaire a dû procéder à des condamnations pour un refus total sont devenus extrêmement rares. Elle est beaucoup plus occupée par des cas de ce que la loi nomme «insoumission», le plus souvent commis par des astreints qui ne se présentent pas au service pour des raisons liées à leurs études, leur formation professionnelle… ou même à des vacances.