Armée suisseSurveillance aérienne: un rapport fait état d'un désastre à venir
Un document que l'armée aurait tenté de dissimuler révèle d'importants dysfonctionnements dans la modernisation du système de surveillance du ciel suisse.
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L'entêtement du chef de l'armée Thomas Süssli est notamment pointé du doigt dans le rapport.
20min/Stefan LanzDes millions investis, un climat de peur et un rapport explosif dissimulé. Le projet «C2Air», qui a pour but de moderniser le système de surveillance militaire de l’espace aérien suisse, a du plomb dans l'aile. Et c'est peu dire. Comme l'a révélé la radio SRF, qui s'est procurée un rapport sur la question, malgré les tentatives présumées de l'armée pour l'étouffer, la situation est catastrophique.
Le problème: l'intégration du nouveau système de surveillance de l’espace aérien, SkyView, à la nouvelle plateforme numérique de l'armée est «irréaliste», selon ce rapport. «Les experts informatiques responsables du projet C2Air sont conscients de l'impossibilité totale du projet actuel», y expliquent les analystes du cabinet KPMG mandaté par l'armée. Leur constat est donc sans appel: il faut purement et simplement abandonner l'idée d'exploiter SkyView sur la plateforme de l'armée.
Un risque de panne «très élevé»
Mais ces avertissements sont restés lettre morte. À l'inverse, les personnes en charge du dossier auraient même donné à un «décret» du chef de l'armée Thomas Süssli «plus de poids qu’aux faits», ce dernier tenant coûte que coûte à l'intégration de SkyView d'ici à 2029. Comme le suggère le document, ces choix auraient été pris dans un climat de peur: «les décideurs ont outrepassé le jugement des experts techniques et, au lieu de cela, dans une obéissance préventive, se sont uniquement attachés à des solutions conformes à ce décret.»
Reste que cet entêtement pourrait avoir des conséquences graves: KPMG estime en effet à «très élevé» le risque d'une panne partielle ou totale du système actuel de surveillance du ciel d'ici à cinq ans. Les experts du cabinet en appellent donc à des mesures «radicales et rapidement mises en œuvre».
L'armée nie le rapport accablant
Contactée par la SRF, l'armée a démenti l'existence du rapport explosif précité. Selon cette dernière, à ce stade, un seul employé du cabinet KPMG a pour l'heure travaillé sur C2Air et il n'a pas encore rendu de conclusions. Une affirmation plutôt «surprenante» aux yeux de la radio alémanique, étant donné que le rapport qu'elle a reçu parle de plusieurs «équipes» ayant travaillé sur le sujet. En outre, «KPMG AG» est inscrit en couverture comme auteur du texte.