Assurance maladieBerne met fin à la franchise à 300 fr. et veut plus de médecins
Le Parlement a accepté un texte pour faire évoluer la franchise minimale. Il a voté, en plus, une série de mesures contre la pénurie de généralistes.

Mieux payer les médecins généralistes et augmenter la franchise minimale, deux mesures destinées à apaiser le système de santé.
PixabayLes coûts de la santé continuent de préoccuper les parlementaires, qui ont pris un certain nombre de décisions mercredi pour tenter de garder le contrôle de la situation. La plus marquante, c'est certainement la hausse de la franchise minimale pour les caisses maladie, aujourd'hui à 300 fr., contre 150 fr. en 1996. Depuis, elle a été augmentée par paliers, et le National a décidé, suivant les Etats, de poursuivre cette évolution. «Depuis cette dernière et ancienne adaptation, les coûts à la charge de l'assurance obligatoire des soins ont fortement augmenté», a rappelé le PLR genevois Cyril Aellen, faisant appel à la «responsabilité individuelle des assurés».
Le mécanisme sera à définir par le Conseil fédéral pour suivre «l'évolution de la situation réelle», et sera soumis à consultation. C'est déjà la deuxième fois que le National votait sur ce sujet, puisque deux motions similaires avaient été déposées dans les deux conseils par les UDC Esther Friedli et Diana Gutjahr. Cette fois, la décision est toutefois définitive.
Risque de renoncement aux soins pour les moins fortunés
«Cette proposition fait penser que c’est le recours inutile aux prestations qui fait augmenter le prix, alors que c’est le profit exagéré de certains acteurs du système de santé», a argumenté en vain la socialiste vaudoise Brigitte Crottaz. Qui a mis en garde: «Au contraire, cette mesure fera grimper les coûts, car le non-recours aux soins crée des complications qui, au final, coûtent plus cher.» Le Parti socialiste a vertement critiqué une «médecine à deux vitesses», et l'organisation alémanique de défense des consommateurs Konsumentenschutz, qui a rappelé que «la population suisse a une part des coûts supérieure à la moyenne par rapport aux autres pays».
Si la ministre en charge du dossier Elisabeth Baume-Schneider s'est montrée ouverte lors du débat aux Etats, elle avait aussi appelé à la prudence sur ces hausses pour éviter que certains ne renoncent à consulter pour des raisons financières, ce qui est déjà le cas de 19% de la population, évoquait-elle.
Des actions pour favoriser les médecins de famille
Le Conseil d'Etat a également voté deux mesures pour tenter de rendre plus attractif le travail des médecins de famille. «Beaucoup de baby-boomers quittent maintenant leur cabinet et essaient de trouver des successeurs, en vain», a rappelé Pirmin Bischof (Centre/SO). Suivant le National, les Etats ont validé une hausse du tarif de leurs prestations, pour soutenir un système qui permet de limiter les coûts en évitant que chacun ne se rende à l'hôpital, a précisé le sénateur. L'opération doit se faire sans hausse de coûts pour les assurés. Ceci en plus du nouveau tarif de référence Tardoc permettant déjà des mesures réservées aux généralistes, a soutenu le Conseil fédéral.
La Chambre haute a aussi validé une motion de Baptiste Hurni (PS/NE) visant à garantir la formation de médecins en suffisance. Aujourd'hui, il faut près de 1300 nouveaux praticiens chaque année, s'est fixé le Conseil fédéral, qui n'y arrive pas encore, même si les chiffres ont progressé (de 935 en 2016 à 1284 en 2023). Dans le même temps, quelque 2700 nouveaux médecins étrangers avaient été reconnus en 2021. «Il faut une politique plus ambitieuse», réclame le sénateur, qui a été suivi. Un rapport du Conseil fédéral attendu cette année devrait d'ailleurs apporter d'autres réponses à cette question, et plusieurs cantons, dont Zurich et Berne, travaillent à la création de places supplémentaires.
Combien les pharmacies versent-elles aux assurances?
Du côté des assurances, leur fonctionnement parfois obscur a suscité un autre débat. Les Etats ont confirmé le vote du National leur demandant des comptes sur les montants qu'elles demandent aux pharmacies pour qu'elles puissent leur adresser directement leurs factures, et pour maintenir un «prix vitrine» sur les médicaments avant exportation. Ce mécanisme opaque avait été révélé dans «Le Temps» par l'UDC genevois Thomas Bläsi, lui-même pharmacien.
«En raison de la complexité du système, on n'en connaît pas le montant précis», a admis la ministre de l'Intérieur Elisabeth Baume-Schneider, qui assure toutefois qu'«il n'y a pas d'indice qui montre que les assureurs l'utiliseraient à d'autres fins qu'à une diminution des primes». Sans la contredire, la socialiste bernoise Flavia Wasserfallen a toutefois évoqué «un souhait de transparence». Le Conseil fédéral devra faire la lumière sur le sujet.