Assurance maladieUne fois la franchise passée, les Suisses n'abusent pas tant que ça
Les Suisses vont plus facilement chez leur médecin une fois leur franchise dépassée mais sans toutefois se lâcher excessivement, selon une étude.

L'assureur a mis anonymement à disposition des données pour que soit réalisée l'enquête.
20min/Matthias Spicher«Bon, j'ai dépassé ma franchise et désormais l'assurance maladie va tout me rembourser: allez, je pars faire un petit checkup complet chez mon docteur.» Ce raisonnement, pas totalement irrationnel d'un point de vue individuel, ne serait pas si répandu qu'on pourrait le penser, révèle une étude réalisée par l'Université de Saint-Gall en collaboration avec le Groupe Mutuel, qui a fourni des données anonymisées de ses assurés pour mener l'enquête, dont les résultats ont été communiqués mardi.
Alors oui, on constate que les assurés qui ont dépassé leur franchise consomment un petit peu plus de soins médicaux – désormais pris en charge par la collectivité – que ceux qui ne l'ont pas fait et qui devraient les payer de leur poche. «Mais il semble que cette tendance ne soit pas significative», constate le Groupe Mutuel. «Nos résultats montrent que les assurés ne sont généralement pas sensibles aux prix», poursuivent les auteurs de l'étude.
«Pas de mauvaise incitation»
Les données des assurés ont été passées au crible et la comparaison s'est focalisée sur ceux qui ont une franchise à 300 fr. et ceux qui ont celle à 2500 fr. On apprend par exemple que seulement 4% des gens qui ont une franchise à 300 fr. ne l'ont pas dépassée en 2017, l'année qui a été analysée, et que 51% de ceux qui en ont une à 2500 fr. l'ont dépassée.
De manière globale, ces deux catégories sont celles qui ont les dépenses de santé les plus élevées. C'est surtout le cas des patients qui ont la franchise la plus basse, mais c'est un peu le serpent qui se mord la queue. En général, c'est parce qu'ils savent qu'ils auront des frais élevés qu'ils choisissent la formule à 300 fr., et non parce qu'ils «se lâchent» sachant qu'ils seront remboursés des frais élevés.
«L'étude nous a montré que le système de franchise a fait ses preuves et qu'il ne crée pas de mauvaises incitations à la surconsommation médicale», conclut le Groupe Mutuel.
D'incessants débats
La question de la franchise ne cesse de surgir dans le monde politique. Le PLR, notamment, veut des réformes. Sa proposition de prime maladie low cost prévoit, entre autres, la possibilité de franchises plus élevées que le maximum de 2500 fr. afin de faire baisser sa prime. Par le passé, des élus ou acteurs du système ont articulé la possibilité d'une franchise à 10'000 francs. Fin décembre, le conseiller national Thomas Bäsi (UDC/GE) a proposé que la franchise ne soit plus calculée annuellement, mais par mois ou par trimestre.