Un collectif veut donner à tous 80 fr. par mois pour se nourrir

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«Assurance sociale alimentaire»Un collectif veut donner à tous 80 fr. par mois pour se nourrir

Salariés et patrons cotiseraient sur le modèle de l'AVS et tout le monde recevrait chaque mois une somme pour acheter de la nourriture chez des producteurs de proximité.

La carte ASA permettrait d'aller acheter de la nourriture directement chez les producteurs agréés.

La carte ASA permettrait d'aller acheter de la nourriture directement chez les producteurs agréés.

imago images/Hans Lucas

Après l’AVS, l’AI ou les PC, aura-t-on un jour une «ASA», soit une «Assurance Sociale Alimentaire»? C'est en tout cas le voeu d'un réseau composé d'une centaine de personnes de tous bords. Celui-ci a présenté mardi à Berne un projet sous la houlette de l’organisation paysanne Uniterre et de l'ex-conseiller national vaudois Josef Zysiadis.

Le principe? Faire cotiser employés et patrons chacun à hauteur de 0,95% du salaire. En contrepartie, tout le monde recevrait chaque mois une carte dotée de 80 francs par adulte et 40 francs par enfant, à dépenser pour acheter de la nourriture dans des prestataires conventionnés, tels que des magasins de quartier, des marchés paysans.... La grande distribution en serait exclue. L'argent non dépensé irait aux jeunes agriculteurs ou servirait à désendetter des petits producteurs.

Le comité rappelle qu'une personne sur sept en Suisse est pauvre ou risque de le devenir. Et bien souvent, le poste alimentation est celui qui fait les frais d'un budget serré. Raison pour laquelle il faut revoir tout le système, selon lui.

Les membres du réseau devant la presse ce mardi à Berne.

Les membres du réseau devant la presse ce mardi à Berne.

ChTalos

L'ASA s'inspire de l'AVS, le modèle d'assurance le plus solidaire. D'ailleurs, le but final serait d'inscrire un jour le droit à l'alimentation dans la Constitution. Mais le chemin est encore long. «Notre projet n'est pas parfait et il est modifiable», admet Josef Zysiadis. «Nous allons maintenant faire la tournée des popotes auprès des cantons et des personnes intéressées», ajoute le chargé de projets Joaquim Manzoni.

N'est-ce pas utopiste de vouloir faire passer les patrons à la caisse pour financer l'alimentation? «Les utopistes d'hier sont les réalistes d'aujourd'hui», répond Alberto Silva, maraîcher et secrétaire d'Uniterre. Et de rappeler que l'AVS a eu besoin de 20 ans pour être créée.

Inspiration française et projets suisses

L'ASA s'inspire de démarches analogues en France, comme à Toulouse qui propose une «Caisse citoyenne d'alimentation» en partenariat avec de nombreuses entreprises et associations. L'Alsace teste elle aussi une «Sécurité sociale de l’alimentation». En Suisse, plusieurs projets sont en cours pour le droit à l'alimentation. Ainsi, la conseillère nationale Delphine Klopfenstein Broggini (Verts/GE) a déposé une initiative parlementaire sur le sujet à l'automne dernier. Genève a inscrit le droit à l'alimentation dans sa constitution cantonale en juin 2023 et une motion propose la création d’une caisse alimentaire solidaire, financée par des fonds privés et publics en ville de Genève. Sur Vaud, une initiative popiste a également été lancée tout récemment pour un droit à l'alimentation dans la Constitution.

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