Au VietnamDes poupées retirées des rayons après un tollé
Des poupées chinoises font un tollé au Vietnam. Les autorités s'inquiètent d'une atteinte à la souveraineté nationale, tandis que les ventes s'effondrent.
Quand la géopolitique s’invite dans les chambres d’enfants: des poupées appréciées des jeunes Vietnamiens sont retirées, ces derniers jours, des magasins, la faute à une marque au visage rappelant supposément les revendications de Pékin en mer de Chine méridionale.
Petites et toutes douces, reconnaissables à leurs grands yeux et leurs oreilles de lapin, les poupées «Baby Three», de fabrication chinoise, sont devenues incontournables au Vietnam, au début de l’année, parmi les enfants, mais aussi les jeunes de la génération Z, qui ont grandi dans les années 2000 et 2010.
Une démarcation sur le visage
C'était avant qu’une controverse ne naisse en ligne autour du modèle «Town rabbit V2». En cause: une marque sur la joue de la poupée qui rappellerait, expliquent ses détracteurs, «la ligne en neuf traits».
Cette démarcation, également appelée «langue de bœuf», est utilisée par Pékin pour délimiter la vaste zone de la mer de Chine méridionale que la Chine revendique. Une étendue d’eau riche en ressources et disputée par plusieurs autres pays... dont le Vietnam.
En réponse à la polémique suscitée en ligne, le ministère vietnamien de l’Industrie et du Commerce a ordonné une inspection des jouets qui, expliquent les autorités, attentent à «la sécurité nationale et la souveraineté territoriale».
«C’est vraiment du gâchis»
Dans la capitale vietnamienne, Hanoï, des vendeurs ont expliqué à l’AFP avoir retiré la plupart des poupées de leurs rayons. Et alors que les ventes de «Baby Three» étaient jusqu’ici florissantes, ces marchands racontent que celles-ci se sont, depuis, pour l’essentiel, effondrées, tous modèles confondus.
Le, qui refuse de donner son nom complet, dit avoir vendu auparavant quelque 100 exemplaires de ces poupées par jour, jusqu’à 20 dollars chacune (17,5 francs suisses). Mais aujourd’hui, elle n’en vend quasiment plus: elle ne parvient à ne se débarrasser que d’une poignée de ces jouets à prix réduit.
«Presque tous les enfants ont commencé à boycotter (les poupées) parce qu’ils y voyaient une problématique nationaliste, pensant qu’acheter une «Baby Three» était antipatriotique», relate Le. «J’ai investi tellement d’argent là dedans (...) c’est vraiment du gâchis.»