Le risque zéro n’existe pas - Avalanche sur les pistes: l’addition peut être salée pour les stations

Publié

Le risque zéro n’existe pasAvalanche sur les pistes: l’addition peut être salée pour les stations

Lorsqu’une coulée de neige atteint un domaine skiable, la responsabilité peut incomber aux exploitants des remontées mécaniques. Des spécialistes en détaillent les enjeux.

«La piste était fermée entre l’intermédiaire et le haut, mais la neige est descendue un petit peu au-dessous de l’intermédiaire, c’est vrai.» Il aura fallu des images en vidéo (voir ci-dessus) pour que le directeur des remontées mécaniques et syndic de Leysin (VD), Jean-Marc Udriot, admette que la coulée qui s’est déclenchée mi-décembre avait bien touché une piste ouverte du domaine skiable.

L’an dernier, le même scénario s’était joué aux Diablerets (VD), témoignages à l’appui. Cette réticence à admettre que les pistes de ski peuvent aussi être touchées par une coulée de neige s’explique certainement par la mauvaise image que renvoient de tels incidents auprès du public. La sécurité peut être remise en question. Mais d’autres aspects entrent en ligne de compte.

Conséquences juridiques

Du point de vue juridique, Loïc Mühlemann, responsable communication de la compagnie d’assurance Groupe Mutuel, explique qu’«en cas d’avalanche spontanée, une éventuelle responsabilité des remontées mécaniques ou de la station dépend notamment de la prévisibilité de l’avalanche, ainsi que des dispositifs de sécurité mis en place».

Et même dans le cas où une coulée de neige serait déclenchée par des adeptes de hors piste (voir encadré) et qu’elle atteint une piste balisée, les responsables des entreprises de remontées mécaniques, tenues d’assurer la sécurité sur les pistes, peuvent aussi s’exposer à des conséquences juridiques, rapporte le Bureau de prévention des accidents (BPA).

C’est notamment le cas si les moyens de sécurisation, tels que le balisage ou le minage préventif, par exemple, ont été jugés insuffisants après enquête.

Directeur de Glacier 3000, Bernhard Tschannen déclare que depuis l’incident de décembre 2020, le contrôle et le minage dans la zone concernée ont été intensifiés, le tracé de la piste a été légèrement modifié et une digue en neige a été élaborée. «C’est un travail d’amélioration constant pour réduire le risque. Le but est de devenir meilleur chaque hiver», ajoute-t-il.

Punis par la loi

Coûts de sauvetage importants

Du point de vue financier, Jean-Marc Bellagamba, directeur de l’Organisation cantonale valaisanne des secours (OCVS), ose l’estimation: «Une intervention de sauvetage sur un domaine skiable peut coûter entre plusieurs milliers et plusieurs dizaines de milliers de francs pour une station de ski. Et si des personnes ont été secourues, le montant facturé est également variable en fonction des moyens engagés et de la durée de l’intervention.»

Le Domaine skiable de Crans-Montana confirme que les opérations de recherche et de sauvetage menées suite à l’avalanche meurtrière de février 2019 se sont élevées à quelques dizaines de milliers de francs.

Mais les professionnels de la montagne s’accordent à le dire: même si le risque zéro n’existe pas, les avalanches sur des pistes de ski sécurisées et ouvertes restent toutefois excessivement rares.

Ton opinion

16 commentaires
L'espace commentaires a été desactivé