E-sportAvec ses nouvelles stars, la ligue française de «LoL» change de dimension
La ligue française de «League of Legends», dans laquelle concourt la deuxième équipe de la structure genevoise BDS, s’affirme comme la petite sœur du LEC, l’élite européenne.

L’arrivée de la star suédoise Rekkles en LFL a fait l’effet d’une bombe, en novembre passé.
DREn accueillant des joueurs de classe internationale comme Cody Sun, Vizicsacsi et surtout Rekkles, le championnat de France (LFL) du jeu vidéo «League of Legends» («LoL»), censé être une ligue régionale mineure, s’impose comme une référence en Europe. Forte de ses nouvelles têtes d’affiche, la saison 2022 de la LFL démarre mercredi, et suscite dans le monde de l’esport un niveau d’excitation sans précédent.
Rekkles en mégastar
«La gamme de joueurs sélectionnés tire vers le haut le professionnalisme de la ligue. Juste en-dessous du LEC (le championnat européen), on aura la LFL», analyse Martin «Krok» Berthelot, commentateur de «LoL» sur O'Gaming. Mais «le plus fort médiatiquement, c’est Rekkles.» Le Suédois de 25 ans est une superstar de l’e-sport et une icône de «LoL». Star de Fnatic puis de G2 l'année passée, les deux équipes les plus titrées d'Europe, Rekkles a remporté quatre fois le titre en LEC, été élu MVP de la saison autant de fois et atteint la finale des Mondiaux en 2018 (Fnatic).
Toutefois, les résultats décevants de G2 l'année passée ont provoqué un grand ménage dans la structure. L'équipe avait décidé de l'écarter malgré un contrat encore valable, ce qui a décidé Rekkles de faire le choix de descendre d’une division et de s’engager le 15 novembre en LFL en rejoignant la Karmine Corp. Il y a notamment retrouvé le Français Cabochard (ex-Vitality), autre vétéran du circuit européen ayant posé ses valises en ligue mineure en 2021.
Mercato alléchant
Grâce à la Karmine Corp, vainqueure des European Masters deux saisons de suite, et à la chaîne Twitch OTP, le diffuseur de la compétition créé notamment par les célèbres commentateurs français Chips, Noi, Tweekz et l'intervieweuse du LEC Laure Valée, «la ligue a connu une grosse hype», remarque Yann-Cédric Mainguy, chef de l’esport chez Gamers Origin. «Cela nous permet d’activer de nouvelles pistes, d’attirer de grands joueurs.»
Équipe genevoise en lice
Car derrière la KCorp, plusieurs clubs ont assemblé un effectif digne d’une ligue majeure comme le LEC. L'équipe académique de Vitality (Vitality.Bee) «y aurait une place de milieu de tableau avec Jactroll, qui a joué de nombreuses années en LEC», estime Krok. D’après le commentateur, Team BDS Academy, la deuxième équipe de la structure genevoise BDS qui compte notamment Crownshot, un ancien joueur du LEC, et Misfits Premier, qui s’est offert le très expérimenté Vander, auraient également des effectifs taillés pour le niveau européen.
Dans les pas de Showmaker?
«Quasiment toutes les teams sont capables de challenger au moins le bas de tableau LEC», se risque Damles, coach de Mirage-Elyandra, promu en LFL cette année. La nouvelle structure franco-canadienne a réalisé l’un des mercatos les plus alléchants, avec les transferts de Cody Sun, en provenance d'Amérique du Nord, et surtout celui du Sud-Coréen RangJun. La pépite de 19 ans a fait ses armes dans la réserve du champion du monde 2020 Damwon Kia, avant d’être propulsée doublure de ShowMaker, l’un des meilleurs joueurs du monde actuellement. «Il peut marcher dans ses pas», juge Damles.
Visibilité et compétitivité
Gamers Origin a préféré faire «le choix de la vieillesse» en sélectionnant la légende aux 400 matches de LEC, Vizicsacsi, éloigné de la première division européenne depuis 2019. «Pour Vizi, c’est une décision qui veut dire: «Je retourne à un niveau qui est peut-être le meilleur en Europe en-dehors du LEC», explique Yann-Cédric Mainguy.
Attirés par la visibilité de la ligue – la compétition a fédéré jusqu’à 300'000 spectateurs sur Twitch l’an dernier – les joueurs ont compris qu’il y avait plus à gagner à être le meilleur en France qu’ailleurs. Car l’attractivité croissante de la LFL a fait bondir le niveau. Malgré le recrutement de Vizicsacsi et du coach Jesiz, autre ténor de la scène européenne, «dans tous les rankings, GO est dans les derniers!», s’amuse Yann-Cédric Mainguy.
Diffusée en anglais
«Année après année, le niveau de la LFL devient plus relevé», analyse de son côté Arnaud Moulet, patron de Gameward, qui compte dans ses rangs deux joueurs ayant déjà évolué en LEC, Innaxe et Czekolad. «Cette année sera ingrate, des équipes à une victoire d’écart pourraient se retrouver entre la 4e et la 8e place!», conclut Damles. Dernier symptôme de son succès grandissant, la LFL sera aussi retransmise en anglais cette année. «La LFL est regardée par tous, c’est une super nouvelle», se réjouit Arnaud Moulet.