Beaucoup d’élèves, peu de bâtiments: l’Etat doit bricoler 

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GenèveBeaucoup d’élèves, peu de bâtiments: l’Etat doit bricoler

Le Département de l’instruction publique annonce de gros Cycles d’orientation, des pavillons provisoires et des collèges mixtes pour absorber les effectifs.

Anne Emery-Torracinta, conseillère d’Etat genevoise chargée de l’Instruction publique.

Anne Emery-Torracinta, conseillère d’Etat genevoise chargée de l’Instruction publique.

keystone-sda.ch

La population genevoise croît, le nombre d’élèves également, et le Département de l’instruction publique (DIP) se creuse la tête: où va-t-il bien pouvoir les caser? La hausse des effectifs est plus rapide que prévu, le nombre anticipé pour 2030 sera déjà atteint en 2025, et les locaux manquent. Le problème promet d’être particulièrement aigu au Cycle d’orientation (CO), qui devra absorber dès 2021 la vague d’élèves qui submergeait jusqu’alors et depuis dix ans l’école primaire. C’est bien simple, de 2021 à 2023, le CO accueillera 1400 élèves de plus qu’en 2019, soit l’équivalent de deux bâtiments entiers – qui n’existent pas.

Bâtir, un cauchemar

L’équation vire au casse-tête au vu du contexte genevois, a rappelé ce mardi la conseillère d’Etat Anne Emery-Torracinta lors de la traditionnelle conférence de presse précédant la rentrée des classes. «Si tout se passe bien, dix-douze ans au mieux sont nécessaires pour faire aboutir un projet de construction scolaire pour le secondaire. On a peu de terrains disponibles, les procédures sont longues et complexes, et il n’y a pas une construction à Genève qui n’affronte pas d’oppositions.»

Florilège de retards

Pour illustrer ces difficultés, la conseillère d’Etat rappelle l’exemple de l’école de commerce Raymond Uldry, inaugurée en 2017 à Frontenex avec dix ans de retard, le nouveau CO du Renard à Balexert, d’abord imaginé pour 2021 et qui ne verra pas le jour avant 2024, ou encore les deux établissements prévus en 2025 à Saint-Mathieu, à Bernex, c’est-à-dire le nouveau CO et le Centre de formation professionnelle santé-social, dont l’achèvement est plutôt espéré, aujourd’hui, pour 2028.

Des Cycles à 900 élèves

Dans ces conditions, le DIP bricole. «Chaque fois que l’on peut faire des bâtiments plus grand, on le fait. Les cycles à 900 élèves, c’est une réalité qui arrive», explique Anne Emery-Torracinta. Les Coudriers agrandis, le nouveau Renard et Bernex auront tous les trois cette capacité, alors qu’ils accueillaient jusqu’alors ou devaient accueillir 650 à 700 élèves. Le collège Rousseau va être surélevé pour atteindre une capacité de 1000 étudiants, contre 800 jusqu’à présent. La jauge des futurs bâtiments de l’enseignement secondaire II à Meyrin et aux Cherpines est passée de 1000 à 1400 élèves, le CFP santé-social lui, a bondi de 1500 à 1800.

Le Servette FC aux Evaux

L’utilisation de pavillons provisoires a aussi le vent en poupe. «Quasiment toutes les écoles du secondaire II en ont. Ça commence avec les écoles primaires, au Sapey, à Pré-Picot», et maintenant le Cycle est concerné: pour digérer les 1400 élèves supplémentaires attendus dès 2021, des baraquements jouxteront les CO de la Florence, des Voirets et du Vuillonnex. Par ailleurs, le DIP compte fermement sur la livraison du nouveau Cycle du Renard à Balexert en 2024. «C’est cela l’enjeu majeur pour le CO. Il faut absolument démarrer le chantier en juin 2021.» Pour ce faire, le département annonce que les terrains de sport du Servette FC seront déplacés de manière provisoire au centre sportif des Evaux.

Collèges et ECG réunis

S’ajoutent à ces mesures la volonté d’utiliser les bâtiments existants à leur capacité maximale. En ajustant les horaires, par exemple en raccourcissant les pauses de midi au secondaire II. Mais aussi en déplaçant des élèves en fonction des options disponibles ici ou là, sachant que tout offrir partout n’est plus possible si rentabiliser les espaces devient un impératif. C’est dans ce même esprit qu’Anne Emery-Torracinta explique que «l’idée, à terme, est que les collèges deviennent mixtes avec les écoles de culture générale», afin de s’adapter au mieux au fluctuations d’effectifs et d’éviter les bâtiments peu remplis.

S’habituer à faire de la route

D’une manière générale, l’élue annonce que les parents doivent s’habituer à une nouvelle donne: «Ce n’est pas parce qu’on a une école sous ses fenêtres que son enfant va y aller.» Mais elle dédramatise. «Je rappelle que les élèves des centres de formation professionnelle disposent souvent d’un seul lieu dans le canton. Et Genève est petit, regardez la réalité de ce qui se passe ailleurs, dans le canton de Vaud par exemple.» L’élue appelle par ailleurs la population à renoncer «aux comportements paradoxaux: s’opposer aux constructions d’écoles près de chez soi tout en voulant scolariser ses enfants près chez soi.»

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