Deux golden boys suisses au coeur d'un gigantesque scandale financier

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BellinzoneDeux golden boys suisses au coeur d'un gigantesque scandale financier

Une partie des débats concernant le volet suisse du «plus grand cas de kleptocratie à ce jour» se déroulera à huis clos au Tribunal pénal fédéral, car un des accusés prétend craindre pour sa vie.

Andrée-Marie Dussault
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Andrée-Marie Dussault
Les deux ex-golden boys sont accusés d'escroquerie par métier, de gestion déloyale aggravée et de blanchiment d'argent aggravé pour des faits arrivés entre 2009 et 2015. (Image d'illustration)

Les deux ex-golden boys sont accusés d'escroquerie par métier, de gestion déloyale aggravée et de blanchiment d'argent aggravé pour des faits arrivés entre 2009 et 2015. (Image d'illustration)

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Certaines auditions du principal prévenu du volet suisse du «plus grand cas de kleptocratie à ce jour» – selon la justice américaine – se feront à huis clos. Le Tribunal pénal fédéral (TPF) a décidé de suivre en partie la demande faite par la défense de Tarek O., ressortissant helvético-saoudien de 48 ans. Ce dernier et Patrick M., un Helvético-Britannique de 46 ans, seront jugés ces quatre prochaines semaines à Bellinzone pour leur rôle dans le gigantesque scandale financier du fonds souverain 1 Malaysia Development Berhad (1MDB) (voir encadré).

Dans un acte d'accusation de 213 pages, le Ministère public de la Confédération (MPC) accuse les deux ex-golden boys – présumés innocents et qui plaideront l'acquittement – d'escroquerie par métier, de gestion déloyale aggravée et de blanchiment d'argent aggravé entre 2009 et 2015.

Les procureures fédérales Alice de Chambrier et Muriel Jarp estiment que Tarek O. et son groupe PetroSaudi – cofondé avec le prince Turki, fils du feu roi Abdullah d'Arabie saoudite – auraient indûment encaissé 570 millions de dollars, tandis que son associé, Patrick M., s'en serait abusivement appropriés 37.

Une mégafraude internationale de 4,5 milliards de dollars

Dans ce scandale aux ramifications dans plusieurs pays et impliquant de nombreuses banques, au moins 4,5 milliards de dollars auraient été détournés. Le cerveau présumé de l'affaire, en cavale, est le sulfureux Jho T., ex-homme de confiance de l'ancien Premier ministre malaisien (incarcéré pour six ans) qui menait un train de vie effréné avec la jet set d'Hollywood.

Grâce à l'aide de Jho T. et sur la base d'informations mensongères, les deux prévenus suisses auraient amené le fonds souverain 1MDB à créer en 2009 un joint-venture via PetroSaudi, à Genève, dirigé par Tarek O.. 1MDB aurait ensuite versé 700 millions de dollars en Suisse à une société liée à Jho T., et 300 millions aux deux accusés via à PetroSaudi. Ceux-ci auraient encore détourné et blanchi 830 millions transférés par 1MDB.

Dans un procès qui peine à décoller, la cour a décidé qu'un huis clos partiel sera accordé «pendant l'audition de Tarek O. lorsqu'il sera question de sa situation personnelle et de sa famille». Au nom de «la publicité des débats et de l'intérêt public», le huis clos a pour le reste été rejeté.

Me Nicolas Rouiller a par ailleurs évoqué la «ferme opposition» de son client à être jugé par le président de la Cour des affaires pénales, David Bouverat; celui-ci ne posséderait pas «une vraie et complète indépendance». Une requête à la Cour européenne des droits de l'homme demandant sa récusation a été déposée, a-t-il annoncé.

«Une énième tentative pour gagner du temps»

La procureure Alice de Chambrier a reproché à la défense de Tarek O. une «énième tentative dilatoire». «Il réclame le huis clos car il prétend craindre pour sa vie vu son rôle dans les hautes sphères d'Arabie saoudite et de violer le secret de ses fonctions», a-t-elle soutenu. «Or rien ne montre qu'il ait revêtu une telle importance. Et si monsieur O. craignait pour son intégrité physique, il ne se serait pas attablé au soleil à fumer une cigarette sur une terrasse de Bellinzone, comme il l'a fait ce matin.»

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