L’Otan ne veut pas laisser de «vide sécuritaire» s’installer

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BosnieL’Otan ne veut pas laisser de «vide sécuritaire» s’installer

La situation s’est tendue en Bosnie depuis la condamnation la condamnation en justice du chef politique des Serbes bosniens, Milorad Dodik.

Le président de la Republika Srpska, l’entité serbe de Bosnie, Milorad Dodik, le 26 février 2025.

Le président de la Republika Srpska, l’entité serbe de Bosnie, Milorad Dodik, le 26 février 2025.

AFP

Le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte a déclaré lundi en Bosnie que la communauté internationale ne laisserait pas s’installer un vide sécuritaire dans le pays, en proie à de fortes tensions après la condamnation en justice du président de la Republika Srpska, l’entité serbe de Bosnie, Milorad Dodik, qui multiplie depuis les provocations.

«J’entends les préoccupations concernant la situation sécuritaire. Mais soyons clairs, nous ne sommes pas en 1992. Et nous ne laisserons pas un vide sécuritaire s’installer», a déclaré Mark Rutte en référence au début du conflit inter-communautaire qui a fait près de 100’000 morts entre 1992 et 1995 en Bosnie.

«La communauté internationale est présente et déterminée à poursuivre son soutien fort (…) Je sais que l’Eufor (la force européenne) est pleinement préparée à maintenir un environnement sûr et sécurisé en Bosnie-Herzégovine», a-t-il ajouté devant les médias à Sarajevo.

Institutions fragiles

La situation s’est tendue en Bosnie depuis la condamnation fin février de Milorad Dodik par la Cour d’État, pour le non-respect des décisions du Haut représentant international, Christian Schmidt, chargé de veiller au respect de l’accord de paix de Dayton.

Condamné à une peine d’an de prison, assortie d’une interdiction d’exercer ses fonctions pendant six ans, le président de la Republika Srpska (RS) peut faire appel. Mais il a rejeté le verdict et a fait adopter par le Parlement de la RS une législation interdisant à la justice et à la police de l’État central d’exercer sur le territoire de l’entité serbe de Bosnie.

Ces décisions ont mis à l’épreuve les fragiles institutions centrales de ce pays divisé en deux entités autonomes, la Republika Srpska, et la Fédération croato-musulmane, reliées par des institutions centrales que remet en question Milorad Dodik.

Arrivée de l’Eufor

Face aux tensions, la Force européenne (Eufor) a annoncé vendredi dernier des renforts pour sa mission de maintien de la paix dans le pays. «À partir d’aujourd’hui, les forces de réserve commenceront à arriver en Bosnie-Herzégovine par voie terrestre (…) et par voie aérienne», a indiqué le quartier général de l’Eufor ce mardi dans un communiqué.

Le chef de l’Otan – dont la Bosnie ne fait pas partie – a rencontré à Sarajevo les membres de la présidence tripartite du pays, Zeljka Cvijanovic (serbe), Denis Becirovic (bosniaque) et Zeljko Komsic (croate). «L’Accord de paix de Dayton est la pierre angulaire de la paix dans ce pays et doit être respecté. Et nous soutenons le bureau du Haut représentant», a dit Mark Rutte.

«Nous ne permettrons pas que la paix si durement acquise soit mise en péril», a-t-il poursuivi. S’adressant aux membres de la présidence, il les a appelés à «rendre ce pays fier de sa présidence» et à «résoudre ce problème», dans une allusion voilée à Milorad Dodik.

Situation «stable et calme»

La question du pouvoir des institutions centrales se pose cruellement depuis la condamnation de Milorad Dodik, qui a appelé les Serbes à quitter le Paquet d’État, la Cour d’État et la SIPA (la police centrale) et à rejoindre les institutions de l’entité serbe. On ignore encore combien de fonctionnaires ont suivi ses recommandations.

En réaction, le Parquet d’État a ouvert une nouvelle enquête pour «attaque contre l’ordre constitutionnel». La Cour constitutionnelle du pays a suspendu vendredi les lois de la RS, «jusqu’à l’annonce d’une décision définitive».

La première ministre du pays, Borjana Kristo, a indiqué en fin de journée, après avoir rencontré les dirigeants de plusieurs institutions de sécurité de l’État central, dont la patron de la SIPA, que «la situation sécuritaire (était) stable et calme».

Dodik ne lâche rien

Toutes ces institutions «continuent à travailler de façon responsable et avec leurs pleines capacités, de manière autonome, professionnelle et indépendante», selon le communiqué envoyé par le cabinet de Borjana Kristo. De son côté, Milorad Dodik continue à affirmer que l’interdiction se mettait en place.

«Nous restons attachés à la mise en œuvre des lois adoptées (…) Nous allons montrer que nous disposons des savoirs, des possibilités et des ressources pour les faire appliquer», a-t-il dit lundi en conférence de presse à Banja Luka (nord), chef-lieu de l’entité serbe.

(afp)

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