Boudry (NE)«J’ai entendu le cri de détresse d’une femme dans la nuit»
Une étudiante a été harcelée par deux inconnus à Boudry dans la nuit de jeudi à vendredi. Au terminus du tram, l’un des deux individus a continué à la suivre à pied et a essayé d’arracher son téléphone lorsqu’elle a tenté d’appeler la police.

Les mesures d’économie d’énergie, comme l’extinction de l’éclairage public nocturne, ont leurs corolaires sécuritaires à Boudry (NE).
ne.chUne fois assise dans le dernier tram qui relie Neuchâtel à Boudry, Olga* a été importunée par deux jeunes assis à côté d’elle. Au début, c’était de la drague. L’étudiante en psychologie originaire d’un pays de l’Europe centrale a poliment décliné la proposition. Mais les deux hommes qui, selon elle, «ne parlaient pas bien ni le français ni l’anglais» ont été très insistants. Olga leur a signalé qu’elle avait un copain et a pris son téléphone pour échanger avec celui-ci. Cela n’a pas découragé les deux importuns. Au contraire, ils ont été encore plus lourdement insistants, allant jusqu’à mettre la pression à Olga pour obtenir un selfie aussitôt publié sur Instagram.
Patrouille de police
Une fois à Boudry, Olga a pensé que son calvaire allait enfin prendre fin. Cela n’a pas été le cas. Les quelque 400 mètres entre le terminus du tram et le domicile de retraités où elle loue une chambre ne lui ont jamais paru aussi longs. «Il faisait nuit noire car l’éclairage public était éteint. Un des deux gars était descendu mais l’autre était toujours là. Quand il a mis sa main sur mon épaule, ma peur a décuplé. J’ai pressé le pas. Il en a fait de même», explique OIga.
L’étudiante étrangère, qui avait actionné la torche de son téléphone pour éclairer son chemin, a décidé de composer le 117. Son poursuivant a essayé d’arracher le téléphone. Olga a poussé un cri strident à la mesure de sa panique. Adrien*, un voisin, est immédiatement sorti de chez lui. «J’ai entendu le cri de détresse d’une femme vers 00h45. J’ai allumé la torche de mon Natel et j’ai aperçu une voisine étudiante en train de pleurer», explique le commerçant. Quant à l’assaillant d’Olga, il avait disparu dans la pénombre.
Peur des représailles
«Des suiveurs ont accosté une personne. Aucune plainte n’a été déposée pour l’instant. L’identité de la victime est connue et la police est intervenue à la suite d’un appel. L’identité des suiveurs n’a pas encore été établie», a relevé la police neuchâteloise. «J’ai envie de porter plainte mais j’ai peur des représailles contre moi ou contre les personnes âgées qui me louent une chambre. Je n’ai jamais eu aussi peur de toute ma vie. Avant, je percevais la Suisse comme le pays de la sécurité», a déclaré Olga. Pas remise de ses émotions, l’étudiante enchaîne les nuits blanches depuis les faits.
*Prénoms d’emprunt
Absence d’éclairage public dès minuit
Les problèmes rencontrés par Olga durant la nuit de jeudi à vendredi ont fait réagir des habitants du quartier. «Depuis la crise énergétique, les autorités communales ont décidé d’éteindre l’éclairage de 0h à 6h. Il n’y a pas de système de détection de présence pour rallumer la lumière en cas de mouvement. La moindre des choses aurait été de programmer l’extinction trente minutes après la fin des dessertes nocturnes en transports publics», tacle une Boudrysane. Adrien, lui, a déjà une idée très précise des assaillants. «Il y a beaucoup de problèmes avec les jeunes du centre fédéral de requérants d’asile. Mais les autorités préfèrent noyer le poisson», fustige-t-il. «Une séance d’information à la population a lieu le mercredi 18 octobre dès 18h30. Ce serait intéressant qu’Olga y participe. L’éclairage public est éteint de minuit à 5h à l’exception du terminus du tram qui reste éclairé toute la nuit», a précisé Gilles de Reynier, le président de commune.
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