AVS: les Femmes socialistes veulent revoter sur l'âge de la retraite

La bourde monumentale de l'Office fédéral des assurances sociales sur les perspectives financières de l'AVS lance la rentrée politique une semaine avant l'heure. En effet, les réactions fusent de toutes parts après l'annonce, mardi, que les dépenses liées à l’AVS devraient être, en 2033, d’environ 4 milliards de francs inférieures à ce qui avait été calculé.

Les Femmes socialistes sont aussitôt montées aux barricades. Elles réclament ni plus ni moins que les Suisses revotent la hausse de l'âge de la retraite des femmes à 65 ans, acceptée de justesse en septembre 2022. «Les prévisions financières apparemment dramatiques de l’AVS ont été l’une des principales raisons pour lesquelles le relèvement de l’âge de la retraite des femmes a obtenu une très faible majorité», écrivent-elles. «Il s’avère maintenant que cet alarmisme ne repose sur aucun fondement objectif», continuent-elles.

Pis: ces erreurs de prévision dépassent largement les économies réalisées grâce au relèvement de l’âge de la retraite des femmes et à l’augmentation de la TVA, selon elles. «Nous attendons que le Conseil fédéral s’excuse et propose de répéter cette votation», lance la coprésidente Mathilde Mottet.

«Les chiffres avec lesquels le Conseil fédéral s'est battu pour un relèvement de l'âge de la retraite des femmes sont remis en question», constatent également les Verts. Le parti «examine la possibilité de faire recours contre la votation, c’est-à-dire de soumettre la hausse de l’âge de la retraite des femmes une nouvelle fois au vote», selon la conseillère nationale Katharina Prelicz-Huber.

Un avis partagé par l'Union syndicale suisse. «Il est clair que le résultat extrêmement serré de la votation sur le relèvement de l'âge de la retraite des femmes se trouve remis en question», a-t-elle réagi. Mais l'USS réclame surtout que la 13^e rente AVS soit versée dès 2025, au lieu de 2026 comme prévu.

Du côté du PS, on souligne que la situation de l’AVS pour les années à venir sera meilleure de plusieurs milliards de francs que ce que l’on supposait. «Les plans du camp bourgeois visant à réduire les prestations de retraite et même à augmenter l’âge de la retraite doivent être définitivement abandonnés», affirme Samuel Bendahan, coprésident du Groupe socialiste aux Chambres fédérales.

À droite, le PLR évoque un «fiasco» de la part de l'OFAS. «Cette grave erreur sape la confiance dans l'OFAS, dans le Département de l'intérieur (DFI) et dans les institutions», estime le parti. «Comment les Suisses peuvent-ils décider en connaissance de cause s'ils sont induits en erreur sur des faits aussi fondamentaux?» critique-t-il. Le parti demande donc à la ministre de l'Intérieur, Elisabeth Baume-Schneider, de «faire le ménage dans les autres domaines des assurances sociales». Le PLR exige aussi une transparence totale et une enquête sur «cette débâcle des chiffres».

En outre, le PLR demande que les travaux relatifs à l'augmentation des cotisations salariales et de la TVA soient mis en pause. La Confédération analyse en ce moment les résultats de la consultation sur ces mesures qui sont prévues pour financer la 13e rente AVS.

Du côté des Vert'libéraux, on se réjouit de cette erreur. Cette nouvelle souligne qu'un financement spécial pour la 13^e rente AVS n'est pas nécessaire, estiment-ils. «Cela montre qu'il suffit de décider d'un financement équilibré lors de la prochaine réforme de l'AVS. Nous ne devons pas imposer une charge unilatérale aux jeunes générations et nuire à la compétitivité de notre économie», déclare la conseillère nationale vert'libérale Melanie Mettler. «Un bon compromis pourrait consister en une part d'augmentation de la TVA et une part provenant d'une nouvelle taxe modérée.»

«Nos PME ne doivent en aucun cas être affectées par des coûts salariaux plus élevés», réagit l'Union suisse des arts et métiers. «Il faut également renoncer à une réduction de la contribution fédérale aux coûts de l'AVS», estime-t-elle. Et l'USAM maintient sa position: «Un projet de réforme global doit inclure, à long terme, l'augmentation progressive de l'âge de la retraite.»