Brandons de Payerne (VD)Restos recouverts de «gags»: quand l'humour beauf vire au racisme
Des inscriptions potentiellement choquantes sont apparues sur certaines vitrines de commerces en marge de la manifestation. Des organes anti-racistes s'alarment.
En 2025, il faut de la témérité ou beaucoup de finesse pour oser des blagues qui évoquent directement les communautés étrangères ou les minorités. Coutume oblige, à Carnaval comme aux Brandons, on se permet parfois de flirter avec la limite. Mais à Payerne (VD) ce week-end, l'humour de ceux qui ont recouvert les vitrines de graffitis fait parler.
Petit florilège non exhaustif des «œuvres» recensées: «Chiens acceptés juste en cuisine» sur la devanture d'un resto thaï; «Liquidation finale: soldes de 39 à 45%» sur l'ancien Manor; «La journée, on a les yeux plissés» sur un commerce de produits asiatiques, etc. Sur les réseaux sociaux, des internautes se sont offusqués de ces tags. «Insoutenables propos racistes», a par exemple partagé la députée vaudoise d'Ensemble à gauche Mathilde Marendaz.
Un goût de déjà vu
Chaque année ou presque, des incidents du même genre sont dénoncés en Suisse. Que ce soient des tags, des déguisements ou des caricatures satiriques, l'esprit de carnaval semble débrider un peu trop les esprits. Ainsi, en 2022, un yodleur appenzellois s’était retrouvé dans le viseur de la justice, car il était monté sur scène arborant une «blackface». La même année, Coop et Manor s'étaient fait tout petits au moment de justifier les déguisements «racisés» qu'ils avaient en rayon, tandis qu'en 2023 à Sainte-Croix (VD), des tags racistes et homophobes avaient déjà défrayé la chronique.
«Propos préoccupants» à dénoncer
La Commission fédérale contre le racisme se montre sévère contre cette façon de fêter les Brandons. «Nous sommes souvent sollicités durant cette période pour des actes similaires, déplore Samson Yemane, son vice-président. Ceux-ci sont inacceptables et doivent être condamnés. Ils n'ont d'ailleurs aucun lien réel avec la période du Carnaval. Certains propos injurieux sont préoccupants et il faut éviter leur banalisation.»
Contacté, le président du comité d'organisation de la manifestation n'a pas répondu à nos appels. «Recouvrir les vitrines de messages satiriques que les citoyens découvrent au matin est une tradition des Brandons, explique toutefois le conseiller municipal, Jacques Henchoz. Par le passé, certains ont déjà déplu, mais rien n'est encore remonté jusqu'à nous cette année.» La 130e édition des Brandons de Payerne prend fin ce lundi soir.
Victime ou témoin de racisme ou de discrimination?
SOS Racisme: 0800 55 44 43
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Police: 117