Stupeur après l'annonce choc d'une entreprise canadienne

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Canada/États-UnisStupeur après l'annonce-choc d'une entreprise canadienne

The Metals Company, une société canadienne d'exploitation minière en eaux profondes, a décidé de négocier avec Trump pour contourner un traité de l'ONU.

Le nouveau plan de TMC a provoqué la colère des ONG de défense de l’environnement, qui dénoncent depuis des années les risques de l’extraction pour les écosystèmes marins méconnus.

Le nouveau plan de TMC a provoqué la colère des ONG de défense de l’environnement, qui dénoncent depuis des années les risques de l’extraction pour les écosystèmes marins méconnus.

Capture d'écran/X_The Metals Company

De nombreux pays et ONG ont fustigé l’annonce surprise d’une entreprise canadienne, prête à solliciter les Etats-Unis de Donald Trump pour commencer à exploiter les fonds marins en haute mer, en court-circuitant l’organisme multilatéral compétent. Au dernier jour de sa réunion de printemps en Jamaïque, l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), souvent divisée, a accueilli avec une incrédulité quasi unanime le nouveau plan dévoilé par The Metals Company (TMC), qui veut être la première à lancer l’extraction industrielle de minerais convoités dans les eaux internationales.

Multilatéralisme

Du groupe Afrique à la Chine, de la Russie au Costa Rica, du Chili à la France, les Etats membres ont proclamé leur attachement au multilatéralisme et à la juridiction de l’AIFM sur ces eaux, qui représentent 54% du plancher océanique. «Nous sommes révoltés par l’annonce inattendue» de TMC, a dénoncé le représentant brésilien Antonio Otavio Sá Ricarte, tandis que l’Ouganda mettait en cause la «bonne foi» de l’entreprise.

En vertu de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (Unclos), l’AIFM est chargée de protéger les fonds marins dans les eaux internationales et d’organiser l’exploitation des ressources qu’ils recèlent, considérées comme «patrimoine mondial de l’humanité». «Il est impératif de réaffirmer le mandat exclusif de l’Autorité», a plaidé sa secrétaire générale Leticia Carvalho, exprimant sa «profonde inquiétude».

«Toute action unilatérale constituerait une violation du droit international et saperait les principes du multilatéralisme»

Leticia Carvalho, secrétaire générale de l'Autorité internationale des fonds marins

A la surprise générale, The Metals Company a annoncé jeudi son intention de se tourner vers l’administration américaine de Donald Trump, qui ne cache pas son intérêt pour les minerais critiques. Jusqu’à présent, elle prévoyait de déposer en juin auprès de l’AIFM, via sa filiale Nori (Nauru Ocean Resources Inc.), la première demande de contrat d’extraction minière dans les eaux internationales. Son objectif: exploiter dans une zone du Pacifique des nodules polymétalliques, sorte de «galets» riches en cobalt, manganèse, nickel et cuivre, que l’entreprise décrit comme cruciaux pour la transition énergétique.

«Répondre aux besoins» des Etats-Unis

Mais l’AIFM, écartelée entre partisans de l’extraction et défenseurs d’un moratoire, n’a pas encore adopté le «code minier» devant réguler cette nouvelle industrie, et les négociations risquent de ne pas être terminées en 2025 comme attendu. Dénonçant les «échecs répétés» pour finaliser ce code, TMC veut désormais soumettre au deuxième trimestre 2025 une demande de contrat commercial aux Etats-Unis, qui ne sont membres ni de l’Unclos ni de l’AIFM. Ce nouveau «chemin» offre «la meilleure probabilité d’obtenir un permis commercial pour commencer les opérations dans les meilleurs délais», a justifié son PDG Gerard Barron, disant avoir rencontré des responsables de la Maison-Blanche et du Congrès concernant «leur soutien envers cette industrie».

Au moment où les Américains convoitent des ressources en Ukraine ou au Groenland, TMC a mis en avant, pour plaider sa cause, la possibilité de «répondre aux besoins» en minerais critiques des Etats-Unis qui «ne peuvent pas dépendre» de la Chine. C’est la filiale américaine de TMC qui soumettrait ces demandes de contrats à l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA). Dans un communiqué, la NOAA a confirmé vendredi avoir été consultée par l’entreprise sur le processus de demande de licence. Processus qui prévoit une «analyse minutieuse de l’impact environnemental, des consultations inter-agences et l’opportunité de commentaires du public», a-t-elle noté.

(afp)

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