Canton de ZurichUne initiative pour garantir le droit à vivre sans smartphone
Le Parti pirate zurichois dépose mercredi des signatures pour un texte qui veut inscrire «l'intégrité numérique» dans la loi.

Pouvoir accomplir les actes du quotidien sans laisser de traces en ligne: ça doit rester possible, selon le Parti pirate zurichois.
20min/Celia NoglerC'est le parti qui s'intéresse le plus aux questions digitales qui va déposer mercredi une initiative qui demande à ce que la loi garantisse qu'on puisse vivre... en évitant totalement tout outil digital. Le Parti pirate zurichois a récolté facilement les signatures nécessaires pour faire voter la population du canton. L'idée de garantir «l'intégrité digitale» est déclinée en plusieurs propositions, dont celle de pouvoir vivre totalement hors ligne si on le souhaite.
«Auprès de ma banque, il n'existe qu'un accès numérique aux conseils clients via des robots. Sur la hotline, on m'a dit qu'un rendez-vous physique était impossible, ce que j'ai trouvé incroyable», précise Monica Amgwerd, secrétaire générale du Parti pirate zurichois. On peut aussi mentionner l'achat d'un billet de train ou demander un document officiel: la crainte existe qu'à l'avenir, ce ne soit plus possible qu'en passant par Internet. On se souvient que CarPostal avait indiqué vouloir abandonner les paiements de billets en cash vers 2035.
Instagram: pouvoir tout supprimer, à jamais
Pour le Parti pirate, il faut que les personnes qui le souhaitent puissent accomplir les démarches du quotidien sans laisser de traces dans le monde numérique. Les Pirates ne sortent pas l'idée de nulle part. Des cantons ont déjà sauté le pas et le thème a été été traité au Parlement fédéral (lire encadré).
Le parti veut aussi introduire un droit à l'oubli. Monica Amgwerd mentionne Instagram: quiconque publie des vidéos Instagram à 20 ans ne devrait plus en être responsable à 40 ans. «Il faut qu'il y ait un moyen de supprimer facilement les anciennes images et données, et garantir que tout le monde n’ait pas accès au contenu que j’ai publié il y a des années», dit-elle.
Possible ne veut pas dire facile
Reste à savoir comment concrétiser ces objectifs dans la loi et la vie de tous les jours. Les textes déposés ici ou là demandent à ce qu'une vie hors-ligne soit possible. Pas qu'elle soit facile. Une Genevoise l'a bien compris récemment. Pour payer son abonnement Swisscom, elle demande une facture papier et paie à la Poste. Mais pour ça, elle se fait taxer et ce qu'elle paie va doubler cette année. Son droit à vivre hors-ligne est garanti, mais il coûte cher.
Faut-il garantir à tout le monde de pouvoir tout faire sans passer par internet?
Déjà plébiscité à Genève
Les Genevois ont voté en juin 2023 sur une proposition d'inscrire dans la Constitution cantonale le droit à «la sauvegarde de son intégrité numérique», qui comprend «le droit à une vie hors ligne». Le texte avait été accepté par 95% des votants. Il se pourrait qu'une modification du même type finisse par arriver au niveau fédéral. Une initiative parlementaire de Samuel Bendahan (PS/VD), qui visait à modifier la Constitution, avait été refusée en décembre 2023, mais le Conseil fédéral devrait être chargé prochainement de rédiger un rapport sur les impacts qu'une telle modification pourrait avoir.