Carl Craig aimerait créer de la musique à Verbier 

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Polaris Festival à Verbier (VS)Carl Craig: «Je devrais créer de la musique à Verbier!»

Le festival électronique Polaris démarre le vendredi 17 novembre 2023 sous son dôme installé sur les hauts de Verbier. Carl Craig est la star du premier week-end. 

Carl Craig est un habitué du festival valaisan avec qui il a une relation forte.

Carl Craig est un habitué du festival valaisan avec qui il a une relation forte. 

François Melillo/20minutes

Ce n’est pas tous les jours qu’un des pères fondateurs de la techno made in USA débarque à la rédaction de 20 minutes à Lausanne. C’est pourtant ce qu’a fait en toute décontraction Carl Craig, 54 ans, en transit entre un set en Italie et un en France. L’Américain sera de retour en Suisse romande, samedi 18 novembre 2023 au Polaris Festival à Verbier (VS), lors d’une soirée consacrée à la musique de Détroit, ville dont il est un des plus fameux ambassadeurs dans le monde. 

Carl, vous êtes un habitué du Polaris. Votre sentiment?

Je viens d’une ville où il neige souvent. J’y suis donc habitué et je n’ai aucun problème avec ça. En revanche, à Détroit, c’est tout plat. C’est donc incroyable pour moi d’être en montagne. Je devrais créer de la musique là-haut. J’ai quelques idées en tête. Il faudrait que je m’y mette. 

Quelle est la nature de votre relation avec ce festival?

Je connais le visage de poupon de Mirko (ndlr: Mirko Loko, le programmateur) depuis ses 17 ans. Depuis lors, on est toujours restés en contact lui et moi. Dans tous ses projets à Verbier, que ce soit en hiver ou en été comme le Solaris, je le suis.

Samedi 18 novembre 2023, vous partagerez les platines avec des artistes de Détroit tels que Marcellus Pittman et Theo Parish. Qu’est-ce qui rend le son de Détroit si spécial?

Massive Attack a dit un jour que quand tu vis dans une ville (ndlr: en l’occurrence Bristol au Royaume-Uni) où il n’y a que quatre chaînes de télévision, tu ne peux pas faire grand-chose d’autre que de la musique. À New York ou Chicago, il y a toujours une fête quelque part. Pas à Détroit. On a dû créer notre propre divertissement. Cette ville est tombée en ruines à la suite du départ de l’industrie automobile. D’ailleurs, à la grande époque, les rares clubs de la ville fermaient à 2 heures du matin pour que les ouvriers soient en forme pour aller à l’usine. Les usines justement, avec leurs robots, leur mécanique et la répétition de leurs mouvements, ont influencé notre musique. Ça a été une source d’inspiration majeure.

Qu’allez-vous présenter à Verbier? Vous allez plonger dans vos archives?

Mes sets varient. J’aime l’improvisation. C’est ce qui fait que j’adore tellement le jazz, un style où l’impro est reine. Avec moi, tout peut arriver. Ça peut partir en sucette et devenir la soirée la plus mémorable de ta vie, de manière positive ou négative. Le plus important, c’est l’expérience que tu vas retenir. À Verbier, je dirais que je vais essayer de présenter mon amour de la musique de Détroit tout en gardant en tête que je joue avant tout pour les gens devant moi. 

Vous donnez près de 200 dates par an. Vous n’êtes jamais fatigué?

Si, toujours (rires)! J’ai une sensation de manque quand je ne suis pas sur la route. Durant le Covid, j’ai dû rester à la maison. Quand j’ai repris les voyages, j’avais tellement faim! Tu peux faire dix sets où le public n’en aura rien à battre de toi et de ta musique. Et au onzième, tu vivras une nuit extraordinaire. C’est ce qui fait que je ne serai jamais blasé d’être sur la route. 

Plus généralement, quel est votre point de vue sur les artistes de techno qui remplissent d’immenses salles?

Tant mieux pour eux. Charlotte de Witte, Peggy Gou ou Nina Kraviz le font très bien. Mais des DJ l’ont fait avant et d’autres le feront aussi après. Il n’y a rien de neuf. La Belgique ou les Pays-Bas ont toujours réuni des dizaines de milliers de personnes avec la musique électronique comme la gabber ou la trance. Bien sûr, je suis heureux que la techno soit aussi appréciée actuellement, mais ce qui importe le plus c’est que les initiateurs du genre soient toujours reconnus. C’est primordial de connaître les origines d’une musique pour ensuite pouvoir l’apprécier. 

Vous défendez une vision underground de la techno. C’est mal de jouer pour les masses?

Dans les années 1970, Miles Davis, encore quasi inconnu, faisait les premières parties de Sly Stone, qui était très populaire. Miles jouait donc pour un large public qui ne venait pas pour lui. Ça ne m’a jamais posé de problème de mixer avant Avicii parce que je savais que j’allais avoir une foule devant moi qui resterait quoi qu’il arrive pour le voir. Je pouvais passer n’importe quoi, les gens restaient. Ça m’a permis de faire découvrir des choses à des gosses de 18-19 ans. Si j’ai réussi à en influencer quelques-uns, c’est gagné. Ça m’a fait marrer de voir un jour sur les réseaux sociaux un post qui disait: «Hey, j’ai vu hier soir un vieux mec aux platines qui a tout déchiré». 

Deux mots du programmateur

Polaris accueille comme de coutume son lot de stars des platines. Carl Craig, naturellement, mais aussi Dixon, Laurent Garnier ou Marcel Dettman. Reste que le festival met un point d’honneur à programmer de jeunes artistes comme il l’avait fait dans le passé avec Honey Dijon ou Jayda G qui ont explosé depuis leur passage valaisan. «Marc Rebillet est un prochain tout grand. C’est un phénomène que personne n’arrive à classer. Son ascension ne fait que commencer. Je pense aussi au jeune Cody Currie. Il a un gros potentiel», estime Mirko Loko, programmateur. Cette année, le festival renouvelle aussi son partenariat avec le Montreux Jazz Festival, lors d’une soirée où se produira justement le fantasque Marc Rebillet vu d’ailleurs au Lab montreusien en juillet 2023: «On se sent connectés avec Montreux. Les équipes sont connectées tout comme nos visions de la musique. Il y a de l’envie des deux côtés de faire des choses ensemble. Je pense que le concert de Marc Rebillet pourrait bien rester dans la tête des gens.»

Le programme complet

Le programme complet

Gagnez vos places pour Polaris!

Le festival se déroule sous un dôme impressionnant.

Le festival se déroule sous un dôme impressionnant. 

F. Melillo/20minutes

Le festival offre la possibilité de gagner des billets pour le samedi 18 novembre 2023. Pour participer au tirage au sort, il suffit de cliquer sur le bouton ci-dessous: 

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