Genève«Ce sera comme une pièce de théâtre dans le ciel»
Plus de 1300 drones illumineront la Rade dès jeudi, pour trois soirs de show. Mode d’emploi d’un ballet lumineux annoncé comme exceptionnel.
Quatre mois que des danseuses à hélices, parées de lumières, se préparent à dessiner des arabesques au-dessus du lac. L’attente prendra fin jeudi. Spécialement créé pour la manifestation Feu Ô Lac, en fin de semaine autour de la Rade, «le plus grand show de drones d’Europe» offrira un ballet synchronisé «doux et contemplatif», promet Cédric Schaller, directeur de la société Groupe F Suisse, conceptrice du spectacle. «Ce sera une sorte de pièce de théâtre dans le ciel.» Et pourtant, tout commence comme au cinéma.
Un GPS comme metteur en scène
Pour concevoir pareille chorégraphie avec 1350 engins – de 40 centimètres à 1 mètre de diamètre selon les types de drones – «Cela ressemble au prétournage d’un film, image le quadragénaire. On établit le croquis des figures, on dessine les mouvements, on regarde combien d’engins seront nécessaires à la mise en scène.»
Ensuite, la place dans l’espace des appareils dotés d’un système de géolocalisation très fine, leur direction et la vitesse de leurs déplacements, ou encore le moment où s’enclencheront leur lumière et les petits engins pyrotechniques qu’ils emportent, tout cela est soigneusement synchronisé, via des programmes informatiques. Certaines scènes sont ensuite répétées lors de tests pratiques. Puis, vient le jour de la première. Les drones connaissent leur rôle, ils sont autonomes. Ou presque.
L’ennemi, c’est le vent
Lors des shows du 18 au 20 mai, une centaine de collaborateurs sera à pied d’œuvre, notamment à la base de départ, sur la plage des Eaux-Vives. «Nous aurons plusieurs régies et de multiples écrans pour vérifier que les appareils suivent bien leur plan de vol», détaille Cédric Schaller. Autour de la Rade, une vingtaine de personnes scruteront aussi la danse des engins célestes. Une double vérification, en somme, pour la sécurité du public. «En cas de problème, nous prenons le contrôle du drone ou du groupe de drones et les rapatrions à leur point de départ.»
Pour ces chefs d’orchestre, la difficulté à Genève, dans une Rade bordée de voies de circulation en tous genres et de bâtiments, «c’est le manque d’espace à disposition; c’est plus facile dans un désert, comme nous l’avons fait par le passé, sourit le patron du show. La pluie, un peu, mais surtout le vent créent d’autres difficultés et peuvent conduire à une annulation.» De quoi faire passer des nuits blanches à Cédric Schaller? «Non, pour l’instant, ça va, assure-t-il en décrochant son portable toutes les cinq minutes. Il y a encore plein de petits trucs à régler… (ses yeux s’illuminent) mais ce sera très beau.»
Zones interdites
Pour assurer la sécurité du public et le déroulement des trois shows prévus entre le Jet d’eau et la jetée des Pâquis, des restrictions spéciales seront en vigueur. Logiquement, aucun autre engin téléguidé que ceux du spectacle ne sera autorisé à évoluer sur la Rade et au-dessus des communes limitrophes, indique la police. Celle-ci précise qu’elle mettra en place «des équipes de détection et de neutralisation de drones afin de garantir la bonne marche du spectacle et la sécurité des spectateurs». Par contre, l’événement n’interférera pas avec le trafic aérien de l’aéroport, indique Skyguide. Les zones interdites ne seront pas qu’en l’air, mais aussi à terre et sur les flots. La jetée et les Bains des Pâquis seront fermés, idem pour la jetée du Jet d’eau, tandis que, dans la Rade, les bateaux privés, tout comme ceux de la CGN et des Mouettes, devront rester à quai.