Christian Lüscher épinglé pour des messages WhatsApp jugés sexistes et racistes

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Christian Lüscher sur WhatsApp«Cesse d’emmerder les mecs qui bossent et retourne faire la poussière»

Des conversations privées du conseiller national genevois ont fuité dans la presse. L’intéressé invoque l’humour et le parti défend son droit à tenir des conversations privées.

ywe/rmf
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L’avocat genevois Christian Lüscher a été épinglé par Blick pour ses propos politiquement incorrects sur un groupe WhatsApp PLR.

L’avocat genevois Christian Lüscher a été épinglé par Blick pour ses propos politiquement incorrects sur un groupe WhatsApp PLR.

Yvain Genevay / Tamedia

Isabelle Moret invitée à «retourner faire la poussière», Philippe Nantermod à «faire garder les mômes par les femelles», ou Johanna Gapany et Simone de Montmollin qu’on informe de la «tradition qui veut que les nouvelles élues PLR se jettent nues dans l’Aar et nagent jusqu’à la fosse aux ours». Ce sont des messages envoyés par le conseiller national Christian Lüscher (PLR/GE) sur un groupe WhatsApp privé auquel participent les élus PLR latins sous la coupole.

«Blick» a décidé de rendre les contenus publics et de mettre le doigt sur la gêne que les messages provoquent au sein de membres du parti, qui s’expriment sous couvert d’anonymat. Il y a, en plus, certains surnoms donnés à des collègues, comme «le bougn» (de «bougnoule»), qui réfère à l’ancien élu Fathi Derder. Selon «Blick», ce dernier était au courant de l’usage de ce terme, mais n’a pas souhaité commenter. 

Christian Lüscher s’est défendu en disant qu’il s’agit d’un «groupe de copains que nous utilisons pour rigoler» et que les discussions n’ont pas lieu dans le cadre professionnel du Parlement. Il regrette que celles ou ceux qui auraient été heurtés ne lui en aient pas parlé directement et rétorque à «Blick» qu’il trouve déplorable que la presse cherche à faire de l’audience en révélant en public des conversations privées.

«Il faut avoir le cuir épais»

Interpellé en sa qualité de vice-président du PLR mais aussi de membre de ce groupe, Philippe Nantermod répond également qu’il est scandaleux que des propos tenus dans une conversation privée se retrouvent dans la presse. «Nous n’avons commis aucune infraction, par contre il y en a certainement plusieurs dans le fait de publier ces messages», réagit l’avocat valaisan, qui met cette fuite sur le compte d’une envie de nuire à Christian Lüscher.

Pour lui, les sessions parlementaires donnent à ce groupe une ambiance salle de classe ou club de foot: «Tout le monde se chambre et en prend pour son grade, moi le premier. On ne rate pas une erreur ou un défaut, mais toujours avec tendresse.» Et de relever que la violence des insultes ou menaces régulièrement subies par tous les parlementaires dépassent de loin ces remarques. «Il faut avoir le cuir épais, si on est heurté par ça, on ne tient pas une semaine à Berne», glisse-t-il, en rappelant que la politique est aussi un terrain de jeux d’influence, même au sein des partis.

Loi du silence?

Interrogé sur l’aspect politiquement incorrect de certains propos qui seraient bannis de tout environnement professionnel sain, Philippe Nantermod rappelle que «personne n’est employé du parti, nous sommes une série d’indépendants côte à côte». Il précise qu’il existe un groupe WhatsApp officiel pour les consignes de votes et autres discussions de parti, et que celui-ci est plutôt «un groupe de copains. Je leur ai tous parlé depuis ce matin, tout le monde est scandalisé que nos échanges soient publiés.» Et de mentionner que si quelqu’un avait été dérangé par ces propos, il aurait dû venir se plaindre, notamment auprès de lui. «Mais personne ne l’a jamais fait.»

Et si, comme «Blick» le suggère, l’influence et la verve de Christian Lüscher faisaient régner une loi du silence? «Personne ne nie sa répartie, mais chaque élu fédéral est plutôt une forte tête, qui la lui tient volontiers. Il est lui aussi moqué dans ce groupe.» En attendant de tirer l'affaire au clair et de découvrir l’origine de la fuite, le groupe a été fermé.

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