«Cette détention provisoire est clairement politique»

Actualisé

Antispécisme (GE)«Cette détention provisoire est clairement politique»

La justice a prolongé de 2 mois l'incarcération avant jugement d'un militant détenu depuis décembre pour des caillassages de boucheries.

par
Jérôme Faas
Le mercredi 7 août 2019, une vingtaine de militants se sont donnés rendez-vous devant l'entrée, désormais condamnée, du Palais du justice pour protester contre la quatrième prolongation de la détention provisoire de leur camarade Matthias, incarcéré depuis le 29 novembre.
Le mercredi 7 août 2019, une vingtaine de militants se sont donnés rendez-vous devant l'entrée, désormais condamnée, du Palais du justice pour protester contre la quatrième prolongation de la détention provisoire de leur camarade Matthias, incarcéré depuis le 29 novembre.
Une vingtaine de militants protestaient ce vendredi matin contre la prolongation de la détention provisoire d'un de leurs pairs.
1 / 6

Le mercredi 7 août 2019, une vingtaine de militants se sont donnés rendez-vous devant l'entrée, désormais condamnée, du Palais du justice pour protester contre la quatrième prolongation de la détention provisoire de leur camarade Matthias, incarcéré depuis le 29 novembre.

lfe

Il était incarcéré depuis le 1er décembre, soit six mois. Il en passera deux de plus derrière les barreaux. Jeudi, le Tribunal des mesures de contrainte (TMC) a décidé de prolonger de 2 mois la détention provisoire du militant antispéciste soupçonné des caillassages de boucheries à Genève et Nyon, du sabotage d'un abattoir de volaille à Perly et de la dégradation de bâtiments publics à Fribourg.

«Cette détention provisoire est clairement de l'ordre de la répression politique. Il s'agit d'une tentative d'intimidation du milieu», estimait ce vendredi matin Virginia Markus. Cette figure du mouvement antispéciste manifestait avec une vingtaine de militants au pied du Ministère public. «Libérez Mathias», réclamait un écriteau. «Notre ami en prison depuis le 1/12/18 car suspecté d'avoir agi pour un monde meilleur», affichait un autre. «Vous nous parlez bris de vitrines, on vous répond zoozide planétaire», proclamait une autre pancarte.

Risque de récidive concret

Le TMC a justifié sa décision en invoquant un risque de récidive concret. Le militant, principalement prévenu de dommages à la propriété (mais aussi de violation de domicile dans le cadre d'actions d'occupation), a en effet déjà été condamné pour des infractions similaires par le passé. Par ailleurs, l'instruction de l'affaire est toujours en cours. Le TMC n'a néanmoins pas totalement suivi le procureur Adrian Holloway, chargé de la procédure, et qui avait sollicité une prolongation de la détention provisoire plus longue, de 3 mois.

En tout état de cause, Virginia Markus qualifie cette période d'incarcération de «très disproportionnée. Il est évident que s'il n'était pas antispéciste, il serait déjà dehors.» Il est en tout cas peu fréquent que le TMC prolonge à ce point les périodes de détention avant jugement, même dans des cas que le sens commun qualifierait de plus graves, comme les atteintes à la personne. Pour rappel, la détention provisoire peut être décidée pour éviter les risques de fuite, de collusion (écartés ici) et de réitération.

Le prévenu garde le silence

Le militant, depuis son arrestation, a choisi de garder le silence. «Il vit cette expérience comme quelque chose qui va amener un plus à la lutte pour la cause animale. Son message, c'est qu'il ne faut pas avoir peur de la répression, car les vraies victimes, elles sont là», explique Virginia Markus en désignant des photos de bêtes d'élevage abattues affichées au mur.

Sollicité, le Ministère public explique avoir motivé sa demande de prolongation de la détention provisoire auprès du TMC en raison du risque de récidive et de la gravité des charges pesant sur le prévenu. Il précise que l'instruction suit son cours et n'est pas achevée. Une expertise est d'ailleurs attendue pour la fin du mois de juin. Le TMC, lui, ne s'est pas exprimé.

Dommage à la propriété

Selon le Code pénal suisse, le dommage à la propriété est puni d'une peine privative de liberté de 3 ans au plus ou d'une peine pécuniaire. Cette sanction peut être plus lourde «si l'auteur a causé un dommage considérable». Dans ce cas, «le juge pourra prononcer une peine privative de liberté de 1 à 5 ans».

Ton opinion