CinémaUne romancière accuse Zabou Breitman de «contrefaçon»
Elle estime que la réalisatrice s'est inspirée de l’idée originale de son livre pour son nouveau film «Le Garçon».

L'actrice et réalisatrice française Zabou Breitman à Cannes, le 16 avril 2023.
AFPLa romancière Isabelle Monnin a saisi la justice contre la réalisatrice Zabou Breitman pour «contrefaçon», l’accusant d’avoir détourné, avec son film «Le Garçon» (sorti en France le 27 mars), une idée qui aurait dû donner lieu à un autre film, a-t-on appris auprès des parties jeudi.
Une assignation devant le Tribunal judiciaire de Paris a été envoyée à la société productrice du film, Nolita, avec une première audience prévue le 3 juin.
Zabou Breitman était, dans un premier temps, prévue derrière la caméra pour l’adaptation d’un roman de 2015 d’Isabelle Monnin, «Les Gens dans l’enveloppe». Nolita avait acheté une option sur les droits de ce livre le 14 mars 2016, pour une durée de trois ans. Mais le projet n’est pas allé à son terme, faute de décrocher un financement auprès d’une chaîne de télévision.
«Parasitisme»
La romancière reproche à Nolita, d’une part, d’avoir contrefait le titre de l’œuvre lorsque la société de production a obtenu, le 15 mars 2019, une subvention de 120'000 euros du Conseil régional Bourgogne-Franche-Comté en vue du tournage.
Mais pour la défense, «à ce moment-là, la région est parfaitement au courant que l’adaptation du livre de Mme Monnin est abandonnée et que le projet va devoir évoluer», a expliqué à l’AFP l’avocat de Nolita, Benjamin Sarfati. Si ce titre de livre est utilisé, c’est à cause d’une «erreur d’une assistante de production», a-t-il précisé.
D’autre part, Isabelle Monnin attaque pour «parasitisme», l’idée originale du livre ayant, selon elle, inspiré «Le Garçon», sorti mercredi. «Zabou Breitman prétend que l’idée de son film (...) lui aurait été soufflée par une spectatrice à la fin d’un spectacle», a relevé dans un communiqué l’avocat d’Isabelle Monnin, Vincent Toledano.
«Ce que demande Isabelle Monnin, c’est que son contrat soit respecté. Le problème est que le producteur n’a pas levé l’option, mais a continué à développer le film. Je n’avais jamais vu ça», a-t-il dit à l’AFP.
Une histoire différente
D’après la production, cependant, le scénario a été entièrement repensé. Le producteur Maxime Delauney, interrogé par le quotidien «L’Est Républicain», a estimé que ce scénario «ne correspond en rien» à l’intrigue du livre, une enquête à partir d’un lot de 250 photos d’une famille anonyme. «Au sens de la propriété intellectuelle, ça n’a rien à voir! On repart d’autres photos de famille et on a fait l’exact opposé du roman», a-t-il expliqué.
Dans «Les Gens dans l’enveloppe», Isabelle Monnin raconte qu’elle achète ces tirages photo à un brocanteur, puis va retrouver la famille en question. C’est l’occasion pour elle de raconter des vies qui ne le sont pas souvent.
«Le Garçon», présenté comme un documentaire, tourne autour de l’identification d’un garçon qui se trouve dans un album de photos de famille acheté dans une brocante, visiblement effacé petit à petit de la mémoire familiale.
«Oui, il y a une idée de départ qui est la même. Mais l’histoire est différente», selon Me Sarfati, qui a déploré que l’avocat de la romancière ait «constamment refusé la médiation» et veuille «saboter la sortie du film».