Cinzia Cattaneo«Je me sens comblée dans ce que je fais»
L'humoriste genevoise Cinzia Cattaneo part en tournée avec son spectacle, «Avec des gens», dans lequel elle fait rire le public avec ses failles.

Cinzia Cattaneo, qui a étudié la médecine et les lettres, a commencé sa carrière d'humoriste en 2017.
Marine BouteillerTout juste auréolée du Prix Humour Émergent de la Société Suisse des Auteurs, Cinzia Cattaneo, que l'on connaît de Couleur 3, du Montreux Comedy Festival ou de Morges-sous-Rire, s'inscrit dans la relève de l'humour romand et du stand-up. La Genevoise de 28 ans part en tournée avec son spectacle intitulé «Avec des gens» à travers la Suisse romande, la France et la Belgique.
De quoi parle votre spectacle?
Je suis quelqu'un d'assez stressé socialement. Le point de départ de ce spectacle c'est de constater que dans la vie, les gens font des trucs avec d'autres gens pour être heureux. Mais moi, ça me stresse. Du coup, à travers des anecdotes, je raconte plein d'épisodes du quotidien qui évoquent mon stress social. Et j'explique aussi comment on prend confiance en soi, comment se détacher un peu du regard des autres et accepter qu'on est pas parfait.
Est-ce plus difficile de vivre de votre métier en Suisse plutôt qu'en France?
Non, vraiment pas. Je pense qu'en tant que jeune humoriste suisse qui n'a jamais fait de scène, partir à Paris pour commencer sa carrière n'est pas une bonne stratégie. En Suisse, il y a justement moins d'humoristes. Financièrement, on s'en sort bien mieux qu'en France. Les cachets ne sont pas du tout les mêmes et il y a de la place. J'ai donc de la chance d'avoir pu commencer ici et maintenant de m'exporter à Paris.
Voulez-vous aussi être connue en France?
Oui, bien sûr. J'ai commencé ma carrière en Suisse, mais assez vite j'ai pu faire des scènes en Belgique et en France. En ce moment, je passe beaucoup de temps à Paris. Je joue dans des comedy clubs et là je peux dire que je suis au cœur de la difficulté car je me retrouve avec l'élite des humoristes et des stand-upers de francophonie. C'est donc vachement dur et il faut se démarquer. Je n'en suis donc qu'au début, mais c'est un objectif. J'espère qu'un jour j'arriverai à avoir une notoriété en France.
Auriez-vous aussi envie de devenir comédienne?
Oui, c'est mon premier rêve d'enfance. Il faudrait que je me mette un peu en avant dans ce milieu-là, en passant des castings. Mais cela prend du temps et il faut faire des choix. Pour l'instant, je me concentre vraiment sur ma carrière d'humoriste et j'espère que grâce à ça, si un jour j'ai un peu de notoriété, on me proposera de jouer dans des films. Ce serait génial!
En tant que femme, est-ce facile d'évoluer dans le milieu stand-up qui est très masculin?
Aujourd'hui, les choses changent. On est de plus en plus nombreuses sur les plateaux. On va même parfois être contacté juste parce qu'on est une femme. Mais cela peut être dévalorisant parce qu'on aimerait plutôt qu'on nous appelle pour la qualité de notre travail. Par rapport aux spectateurs, j'ai aussi remarqué que lorsqu'une femme arrive sur scène, il y a toujours des a priori qui restent. Ils vont se dire qu'elle va parler de ses règles, qu'une femme est moins drôle qu'un homme. Le public est moins tolérant avec nous. Il pense que cela sera moins bien. Malgré tout, je vois quand même une évolution. À Paris, il y a énormément d'humoristes féminines qui sont brillantes.
Que représente ce métier d'humoriste pour vous?
Je me sens comblée dans ce que je fais. Je n'ai aucun regret, au contraire. Je n'ai qu'une envie: continuer, m'améliorer, écrire des textes encore meilleurs. Me voir encore grandir, car je n'en suis qu'au début de ma carrière. Même s'il y a des soirs plus durs que d'autres, c'est un métier ultra enrichissant. Chaque représentation est unique. Tous les soirs sont différents et c'est la magie des métiers de la scène.