Des brebis aux avant-postes de la colonisation israélienne

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Cisjordanie, PalestineDes brebis, «cheval de Troie» de la colonisation israélienne

Un rapport indique que 70% des terres de Cisjordanie passées sous le contrôle de colons ces trois dernières années l’ont été «sous couvert d’activités de pâturage».

Un colon israélien mène son troupeau près de la communauté bédouine d'al-Auja, à l'ouest de Jéricho, en Cisjordanie occupée par Israël.

Un colon israélien mène son troupeau près de la communauté bédouine d'al-Auja, à l'ouest de Jéricho, en Cisjordanie occupée par Israël.

AFP

Les activités de pâturage menées par certains colons israéliens leur ont permis de confisquer des étendues de terres représentant 14% de la Cisjordanie en établissant des avant-postes de bergers, selon un rapport publié lundi par deux ONG israéliennes.

Dans ce document intitulé «Le mauvais Samaritain», Peace Now et Kerem Navot affirment que 70% des terres de Cisjordanie étant passées sous le contrôle de colons au cours des trois dernières années l’ont été «sous couvert d’activités de pâturage».

La Cour internationale de justice, plus haute juridiction de l’ONU, a jugé en juillet 2023 dans un «avis consultatif» qualifié d’«absurde» par Israël que la poursuite de l’occupation de ce territoire palestinien était «illicite» et que l’État hébreu avait «l’obligation de cesser immédiatement toute nouvelle activité de colonisation» et d'»évacuer tous les colons". Selon le rapport des deux ONG, le pastoralisme permet à des groupes d’Israéliens se battant pour une extension de la colonisation d’établir leur présence sur des terres agricoles exploitées par des communautés palestiniennes et leur en refuser progressivement l’accès.

«Harcèlement, intimidation et violence»

Pour forcer les Palestiniens à partir, le rapport souligne que ces colons ont recours au harcèlement, à l’intimidation et à la violence, «avec le soutien du gouvernement et de l’armée israéliens». «Les conditions de vie sont rendues extrêmement difficiles par les autorités israéliennes, mais la violence des colons est aujourd’hui la principale cause de ces départs», a déclaré Allegra Pacheco, directrice du West Bank Protection Consortium, un groupe d’ONG venant en aide à des communautés palestiniennes menacées par la colonisation. «Les gens s’inquiètent beaucoup pour leur famille et leur sécurité», et n’ont aucun recours lorsque des colons commencent à occuper leurs terres, a-t-elle ajouté.

Le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha) a affirmé vendredi que «des colons israéliens [avaient] blessé 23 Palestiniens en une semaine, principalement dans des communautés bédouines et pastorales». Plusieurs ministres israéliens d’extrême droite poussent ouvertement à une annexion par Israël de tout ou partie de la Cisjordanie, territoire palestinien mité par les colonies israéliennes, à la faveur du deuxième mandat du président américain Donald Trump, qui aimait à se présenter pendant le premier comme le «meilleur ami» qu’Israël ait jamais eu à la Maison Blanche.

Pour Peace Now et Kerem Navot, «le déplacement systématique et violent de Palestiniens hors de [dizaines] de milliers [d’hectares] de terres ces dernières années a sans aucun doute jeté les bases pour faciliter de telles ambitions».

(afp/rk)

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