Clap de fin pour le dernier vidéoclub du bout du lac

Actualisé

GenèveClap de fin pour le dernier vidéoclub du bout du lac

Fréquenté durant des décennies par tous les amoureux du 7e art, Le Cinoche a fermé ses portes par manque de rentabilité.

Léonard Boissonnas
par
Léonard Boissonnas
Le Cinoche, situé à la rue Peillonnex, à Chêne-Bourg (GE), était devenu une institution.

Le Cinoche, situé à la rue Peillonnex, à Chêne-Bourg (GE), était devenu une institution.

leo/20min

«C'est une page qui se tourne», déclare, le cœur lourd, Pierre-Alain Beretta. Le vidéoclub qu'il avait fondé en 1984, Le Cinoche, a fermé définitivement samedi. La veille encore, des clients se succédaient pour témoigner de leur soutien et de leur tristesse: «Depuis quinze jours, c'est le défilé, j'ai un tiroir plein de cartes de visite», relate le fondateur.

Durant les grandes heures de la location de films, des années 1980 à 2000, les lieux étaient incontournables pour les cinéphiles. Les clients se comptaient par dizaines de milliers. «Ce n'était pas un simple vidéoclub, c'était devenu un lieu culturel», poursuit Pierre-Alain Beretta. Véritable coffre à trésors avec 32'000 références, on y dénichait les blockbusters, tout comme les films les plus pointus, des années 1920 à aujourd'hui. Mais, avec l'arrivée du téléchargement sur internet et des plateformes de streaming, la clientèle n'était plus au rendez-vous.

Un sursis fin 2016

Sauvé de la fermeture fin 2016 grâce aux Établissements publics pour l'intégration (EPI), qui avaient racheté l'enseigne et employé Pierre-Alain Beretta et son collègue, Le Cinoche a continué à voir sa fréquentation s'éroder, déplore l'ex-patron: «Cela nous a donné un sursis par rapport aux autres vidéoclubs, mais les gens se sont éparpillés.»

Fin avril, les EPI lui ont annoncé vouloir fermer les lieux. «On est navrés, mais il y avait un problème de rentabilité et la dimension intégrative, liée à notre mission, n'était pas remplie», explique la directrice des EPI, Magali Ginet Babel. Pierre-Alain Beretta regrette cette décision: «Les chiffres étaient dans le rouge, mais on aurait pu imaginer une autre solution.»

Secteur en berne

Les magasins de location de films ont disparu peu à peu du paysage ces dernières années. À Genève, on a pu compter jusqu'à 150 vidéoclubs dans les belles années, selon Pierre-Alain Beretta. En 2018, la chaîne romande Vidéo Folies a fermé son dernier point de location, à Lausanne, après 35 ans. L'enseigne avait compté jusqu'à 27 succursales. Un déménagement dans une arcade moins onéreuse en 2017 n'avait pas suffi à contrer la concurrence de la vidéo à la demande et de l'internet.

Ton opinion