ClimatAprès avoir défrayé la chronique, des activistes jettent l'éponge
L’ONG Letzte Generation (Dernière génération), connue pour bloquer la circulation automobile, a annoncé mardi la fin de ses actions coup-de-poing en Autriche.

Les mains collées au bitume, des militants de Letzte Generation bloquent une rue dans le quartier de Schoeneberg, à Berlin, le 25 avril 2023.
AFPAprès avoir pris acte de «l’échec de la société» à se passer des énergies fossiles, le groupe de militants climatiques Letzte Generation (Dernière génération) a déclaré mardi sur son site internet mettre fin à ses manifestations. «Nous ne voyons plus aucune perspective de succès», a-t-il expliqué, disant avoir «protesté en dépit des violences, des menaces de mort et des amendes de plusieurs dizaines de milliers d’euros». Le gouvernement doit désormais «assumer», selon lui, la mort prochaine «de milliards de personnes» à cause du réchauffement climatique.
«Nous restons en colère»
Ces deux dernières années, les actions de Letzte Generation ont défrayé la chronique dans le pays alpin. S’estimant être de «la première génération à ressentir les conséquences de la crise climatique et en même temps de la dernière à pouvoir éviter une catastrophe», ses membres réclamaient l’inscription de la protection du climat comme un droit fondamental dans la Constitution.
Ils ont collé leurs mains au bitume pour entraver le trafic automobile ou jeté de l’encre sur des toiles de maître pour dénoncer la coopération des musées avec l’industrie pétrolière. Fin juillet, ils ont participé à des actions contre des aéroports en Europe, peu après la journée la plus chaude jamais enregistrée dans le monde avec une température moyenne de 17,15°C, selon le réseau Copernicus.
Mais ce collectif d’environ 280 personnes s’est heurté à la ferme réaction des pouvoirs publics, qui ont multiplié les plaintes, opposant à leur logique de sensibilisation un nécessaire maintien de l’ordre. «Nous restons en colère» et «la résistance continue», a précisé Letzte Generation, qui par son retrait veut «faire de l’espace pour que de nouvelles choses puissent émerger» après avoir «politisé plus de gens que jamais».
«Personne n’est au-dessus de la loi»
Le parti conservateur ÖVP, au pouvoir en Autriche, s’est félicité dans un communiqué de la «dissolution» d’un «groupe extrémiste» ayant compris, «après de nombreuses procédures judiciaires», qu’il n’existait «ni droit fondamental au sabotage» ni «zones de non-droit» dans les rues du pays. «J’ai toujours considéré que compliquer volontairement la vie des gens était une erreur», a réagi le chancelier Karl Nehammer sur X. «Personne n’est au-dessus de la loi, quelle que soit la cause qu’on défend», a-t-il ajouté.
Contactée par l’AFP, l’ONG Letzte Generation déplore cet arrêt forcé en Autriche, y voyant «un avertissement». Elle va en revanche continuer ses activités en Allemagne où, avec d’autres mouvements de désobéissance civique en Europe, elle fait également très régulièrement parler d’elle.