Boxe féminine: Imane Khelif inspire une génération

Publié

Sur les pas de la championne«Comme Imane Khelif», des Algériennes se mettent à la boxe

Dans le sillage d'Imane Khelif, championne olympique aux JO de Paris, de jeunes algériennes montent sur le ring en rêvant à leur tour d'or.

De nombreuses jeunes filles algériennes se mettent à la boxe.
Certaines deviennent même «des modèles pour tous les hommes dans la salle».
Les entraîneurs ont vu les jeunes filles débarquer...
1 / 12

De nombreuses jeunes filles algériennes se mettent à la boxe.

AFP

Dans un ancien abattoir municipal, transformé en salle de boxe à Azazga, en Kabylie, Cerine Kessal s’entraîne pour réaliser son rêve: remporter l’or olympique comme sa compatriote Imane Khelif, devenue la «locomotive de la boxe féminine» en Algérie. «Je veux participer aux Jeux africains et aux championnats du monde, être comme Imane Khelif et gagner les Jeux olympiques», s’enthousiasme l’adolescente de quinze ans.

Imane Khelif, 25 ans, a remporté la finale des -66 kg aux JO de Paris l’été dernier. Une controverse devenue mondiale sur son genre a jeté une ombre sur son triomphe, mais les Algériens ont ardemment défendu leur championne, accourant par milliers pour l’acclamer à son retour au pays. Depuis sa médaille, des clubs à travers l’Algérie ont vu affluer des jeunes filles désireuses de s’attaquer à ce sport dominé par les hommes.

À 15 ans, «un modèle pour tous les boxeurs dans la salle»

Déjà double championne d’Algérie junior dans la catégorie des 54 kg, Cerine Kessal voit encore plus grand grâce à Imane Khelif. Unique médaillée du club d’Azazga lors du dernier championnat, elle est devenue «un modèle pour tous les boxeurs dans la salle», observe avec fierté son entraîneur, Djaafar Ourhoun. Sur les 170 boxeurs du club, 20 sont des filles et leur technique ne cesse de s’améliorer, affirme-t-il. De quoi parfois susciter «la jalousie parmi les coéquipiers masculins», dit-il avec humour.

Pour l’arbitre international Nacim Touami, président de la section de boxe au club d’Azazga, le parcours d’Imane Khelif a créé «une sorte d’obsession pour la boxe féminine». M. Touami rappelle que par le passé, «il y avait une certaine réticence des parents à permettre aux filles de pratiquer la boxe», et «ils préféraient le volley-ball ou la natation». «Mais après le sacre d’Imane Khelif, nous avons constaté un engouement», a-t-il ajouté.

«Les mères inscrivent leurs filles et assistent aux entraînements»

Manel Berkache, coach.

Manel Berkache, ancienne boxeuse et coach au club d’Azazga, confirme un intérêt accru des parents, et surtout des mères. «Ce sont désormais les mères qui inscrivent leurs filles et assistent aux entraînements et aux combats», précise-t-elle. «Imane Khelif a beaucoup apporté à la boxe féminine, et grâce à ses succès, de nombreuses filles ont rejoint» ce sport, renchérit l’ancienne boxeuse Lina Debbou.

«Tabou» brisé

Hayat Berouali, 14 ans, s’entraîne à Azazga. Elle a commencé la boxe il y a moins d’un mois et rêve d’être championne. «J’ai commencé à aimer la boxe en regardant les combats pendant les JO, surtout ceux d’Imane Khelif, et mes parents m’ont encouragée», sourit-elle.

L'or olympique ramené de Paris par Imane Khelif a inspiré de nombreuses autres filles en Algérie.

L'or olympique ramené de Paris par Imane Khelif a inspiré de nombreuses autres filles en Algérie.

AFP

Même dans des régions très conservatrices comme Djelfa ou Ain Defla, Imane Khelif fait des émules. Le directeur technique du Club Ennasr de Djelfa, Mohamed Benyacoub, explique qu’une première expérience de boxe féminine y avait été lancée en 2006, sans succès. Mais «depuis la victoire d’Imane Khelif, le mouvement sportif féminin connaît un nouveau souffle et brise le tabou selon lequel les femmes ne pratiquent pas la boxe», affirme-t-il.

«Une forte impulsion»

Et à Ain Defla, «des parents encouragent leurs filles, dont certaines portent le hijab, à pratiquer» ce sport, raconte l’un des dirigeants du club local, Tarek Laoub. Le vice-président de la Fédération algérienne de boxe, Hocine Oucherif, n’hésite pas à parler de «phénomène Imane Khelif». Elle était présente dans tous les esprits pendant le Championnat d’Algérie junior, qui s’est déroulé en février.

«Imane Khelif est la locomotive de la boxe féminine en Algérie et elle nous a donné une forte impulsion», affirme-t-il. Il en veut pour preuve la participation de 107 boxeuses au tournoi, soit plus du double de l’édition précédente.

(afp/jw)

Ton opinion