Conseil des EtatsL'aide suisse aux réfugiés palestiniens ne sera pas interrompue
Les sénateurs ont refusé la motion UDC qui demandait une interruption immédiate du soutien à l'UNRWA, accusée par Israël de complicité, lors des attaques du 7 octobre.

La conseillère aux Etats, Isabelle Chassot, (Centre/FR) a porté le camp du soutien à l'UNRWA avec succès.
Parl.chAu contraire du Conseil national, le Conseil des États a refusé de mettre fin à l'aide fédérale aux réfugiés palestiniens. La Chambre haute débattait en effet mardi de plusieurs objets concernant l'aide des réfugiés palestiniens au travers de l'UNRWA, fortement contestée ces derniers mois. Un long débat a entouré la motion du Conseiller national David Zuberbühler (UDC/AR) pour une suppression immédiate de l'aide suisse à cette organisation, déjà réduite l'an dernier de 20 à 10 millions de francs.
Motion «stricte et radicale»
L'organisation est accusée par Israël d'avoir collaboré avec le Hamas, en vue de l'attaque du 7 octobre 2023, ce qui a suscité le retrait du soutien de nombreux pays à l'organisation. La plupart sont depuis revenus en arrière faute de preuves suffisantes, a soulevé la conseillère aux États Isabelle Chassot (Centre/FR), citant un rapport international. Elle a qualifié la proposition de «stricte et radicale» au regard de la douzaine de personnes incriminées parmi les 11'000 collaborateurs de l'agence.
Pour son collègue Daniel Jositsch (PS/ZH), toutefois, le rapport cité par la Fribourgeoise montre clairement que «l'idéologie de l'UNRWA a été infiltrée par le Hamas, et 50 lacunes doivent être corrigées. Ce n’est donc pas si inoffensif que ça.»
Pas d'alternative crédible
Portant la voix de la minorité de la commission, Isabelle Chassot a toutefois rappelé qu'aucune autre organisation n'était aujourd'hui capable de reprendre au vol le travail de l'UNRWA, qui assume aujourd'hui les tâches gouvernementales dont dépendent des millions de réfugiés palestiniens, composés à 75% de femmes et d'enfants. La Fribourgeoise s'est dite touchée par les très nombreux courriers personnels reçus à ce sujet.
«Bien sûr, la situation est difficile, et nous devons agir, notamment dans le domaine humanitaire, a admis le porte-parole de la majorité, Hannes Germann (UDC/SH). Ces personnes ne sont pas responsables de ce bras de fer, et méritent notre protection. Mais en rejetant cette motion, vous envoyez le signal que nous devons continuer comme avant, après 75 ans de fonctionnement qui ont culminé avec les événements du 7 octobre.»
Le Schaffhousois appelait à transférer l'aide suisse vers d'autres organisations comme le Programme alimentaire mondial, l'OMS ou encore l'Unicef. «Depuis 1949, des milliards de dollars ont été dépensés pour cette cause, et le résultat est aujourd’hui dévastateur», a abondé Beat Rieder (Centre/VS).
La solution à deux États toujours sur la table
Le Conseil des États a toutefois soutenu un projet de réforme à moyen terme destinée à remplacer l'UNRWA, et de soutenir cette nouvelle solution «dès que le conflit actuel à Gaza le permettra», dans la perspective d'une solution à deux États. «Il faut cependant d’abord mettre en place une telle solution, ce qui semble difficilement envisageable à court terme», a relevé le ministre des Affaires étrangères, Ignazio Cassis.
Une plainte contre l'auteur de la motion
Le conseiller national David Zuberbühler, à l'origine de la motion pour supprimer l'aide suisse à l'UNRWA, est visé par une dénonciation pénale déposée auprès du Ministère public de la Confédération (MPC), révèle la RTS. Il est accusé par quatre militants pour la cause palestinienne de complicité de génocide, de crime contre l'humanité et de crimes de guerre visant à affamer la population. Le MPC doit maintenant déterminer s'il existe une compétence fédérale en la matière, et un soupçon suffisant, avant de choisir s'il ouvre une enquête ou s'il classe la plainte.