Contre les discours haineux, l’union fait la force

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LausanneContre les discours haineux, l’union fait la force

Jeudi soir, alliance F a présenté le projet Stop Hate Speech. Son vœu est de créer une communauté d’internautes pour répondre aux commentaires haineux sur la toile.

Les femmes sont souvent la cible de commentaires haineux sur le net.

Les femmes sont souvent la cible de commentaires haineux sur le net.

Keystone

La loi interdit par exemple l’incitation à la haine raciale ou au suicide. De ce fait, certains commentaires publiés sous les articles de presse online ou sur les réseaux sociaux sont passibles d’une peine d’amende. «Mais il y en a énormément qui, sans être dans l’illégalité, demeurent très dérangeants pour la majorité des internautes, comme les remarques sexistes. C’est contre cette zone grise, que les haters ou les trolls se font un plaisir d’exploiter, que nous souhaitons agir», explique Morgane Bonvallat, community manager pour la Suisse romande de Stop Hate Speech.

L’association alliance F (lire encadré) a donc imaginé, en 2019, un projet pour inciter la «majorité silencieuse» à exprimer son désaccord avec ces discours haineux et, ainsi, «faire de la toile un lieu plus civilisé». Nommé Stop Hate Speech, il a été présenté pour la première fois en Suisse romande jeudi soir, en partenariat avec la Ville de Lausanne. «Cela fait partie de nos engagements, au même titre que le harcèlement de rue ou la place des femmes dans l’espace public», rappelle la municipale Florence Germond.

L’idée est de réunir une communauté d’internautes pour répondre à ces commentaires, en utilisant des techniques de «Counter Speech», soit un contre-discours. «Répondre à la violence par la violence est inutile. Au contraire, l’humour, l’empathie ou un rappel des faits s’avèrent souvent plus efficaces», commente Morgane Bonvallat. Mais Stop Hate Speech ne s’arrête pas là. «Nous allons mettre à disposition des membres un outil d’évaluation. Il leur soumettra une série de commentaires et il s’agira d’indiquer s’ils sont problématiques ou non», poursuit la community manager. Ces données serviront à alimenter le «bot dog» (robot chien), un algorithme qui, à terme, devrait être capable d’anticiper quels seront les articles susceptibles d’entraîner des discours haineux et alerter la communauté.

En Suisse alémanique, Stop Hate Speech a déjà pris un peu d’avance sur le lancement romand. «Bot dog» est déjà en train d'être formé par la communauté. Actuellement, elle regroupe quelque 500 membres et 30’000 commentaires ont été évalués.

Une goutte d’eau dans un océan?

Malgré la modération, parfois menée par des entreprises spécialisées (c’est le cas de la plupart des médias, y compris «20 minutes»), l’afflux de commentaires est tellement important que de nombreux discours haineux parviennent à passer entre les mailles du filet. Dans sa présentation, Florence Germond a mentionné que Stop Hate Speech pouvait faire penser à une goutte d’eau dans un océan. Mais Morgane Bonvallat est plus optimiste : «Le phénomène est tellement gigantesque, que ce sentiment est légitime. Toutefois, quand on s’organise, on provoque un effet boule de neige de positivité. La goutte peut rapidement devenir un véritable mouvement.»

La faîtière des organisations féministes

Elle a été formée il y a plus d’un siècle. Alliance F se décrit comme la faîtière non partisane des organisations de femmes. Plusieurs de ses membres sont d’anciennes ou d’actuelles élues, à l’image des coprésidentes Kathrin Bertschy (Les Vert’libéraux) et Maya Graf (Les Verts). Elle se bat pour gommer les inégalités entre femmes et hommes, en particulier dans la politique.

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