Suisse romandeCorbillard électrique, cercueil écolo: la mort passe au vert
De plus en plus de familles en deuil tiennent à organiser des adieux dans la sobriété énergétique. Les professionnels de la branche constatent un phénomène en nette hausse et s’y adaptent.

L’entreprise Cassar a acquis un corbillard 100% électrique pour répondre à l’évolution de la société.
DR«Les familles en deuil sont de plus en plus nombreuses à émettre des critères écologiques lors des cérémonies funéraires.» Directeur des pompes funèbres Cassar, Nicolas Baumgartner a remarqué la part croissante des critères environnementaux dans l’organisation des adieux aux défunts.
Bois suisse non traité
«Les cercueils et les urnes en bois local non traité sont très demandés. Aujourd’hui, nous disposons de modèles en cellulose de blé qui se dissolvent totalement après la mise en terre, permettant «à la poussière de retourner à la poussière». En tant que professionnels, nous devons nous adapter aux besoins des familles.»
Certaines familles émettent même le souhait que le corps ne soit pas transporté par une voiture à essence, selon les Pompes funèbres Cassar, leader romand du secteur. «Pour répondre à cette demande, nous avons récemment acquis un corbillard 100% électrique», signale Nicolas Baumgartner.
En zone urbaine
Cette évolution est constatée par l’Association suisse des services funéraires. «De plus en plus de familles veulent même éviter le transport du corps. D’où une augmentation des cérémonies d’adieux au funérarium. D’autres font passer le corps directement au crématorium. Mais cette tendance s’observe plutôt en zone urbaine. En milieu rural, les cérémonies traditionnelles à l’église sont toujours d’actualité», constate le Jurassien Jérôme Voisard, responsable romand de la faîtière.
Critères économiques aussi
«Il est incontestable que les habitudes changent. Nous avons constaté une hausse des demandes d’urnes biodégradables», indiquent les Pompes funèbres Fischer. Mais, d’après l’entreprise nord-vaudoise, ce changement obéit à des «critères à la fois écologiques et économiques».
Le service funéraire d’après pandémie
Selon les professionnels de la branche, plusieurs changements notoires ont eu lieu dans le secteur funéraire entre l’avant et l’après-pandémie. «Les établissements de prévoyance funéraire ont beaucoup augmenté. Après les cérémonies religieuses, je constate que le «Notre Père» est récité par un plus grand nombre de personnes et avec plus de conviction», énumère Nicolas Baumgartner. D’autre part, les adieux laïques ou «à la carte» sont en hausse. «De plus en plus de familles composent la cérémonie en choisissant les musiques et les textes. L’Église réformée vaudoise fait preuve d’ouverture, en répondant favorablement à ces nouvelles demandes», salue le directeur des Pompes funèbres Cassar.
L’étagère-cercueil pour rire de la mort
Kyril Gossweiler a lancé l’idée, avec my last home, des étagères qui servent de cercueil pour le voyage sans retour. «C’est un objet utile avant et après la mort, fabriqué localement dans des ateliers protégés en Suisse romande», explique l’ancien responsable marketing de la Loterie Romande. «L’engouement est toujours plus grand mais pas la concrétisation de l’engouement», regrette le sexagénaire vaudois. L’étagère-cercueil peut être personnalisée avec des dessins, des créations artistiques, des dédicaces, des photos… «Je ne gagne pas ma vie avec ça. Chaque cercueil me rapporte 20 fr. Mon but est d’ouvrir le débat sur la mort», martèle Kyril Gossweiler.