Harcelés par les parents, les profs coréens n’en peuvent plus

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Corée du SudHarcelés par les parents, les profs n’en peuvent plus

Le suicide d’une jeune institutrice met en lumière une loi qui surprotégerait les enfants, dans un pays obsédé par la réussite scolaire.

Une dizaine de milliers d’enseignants grévistes ont manifesté ce lundi, notamment à Séoul.

Une dizaine de milliers d’enseignants grévistes ont manifesté ce lundi, notamment à Séoul.

AFP

Début juin, une enseignante de Séoul avait écrit dans son journal intime: «Mon cœur est si serré, j’ai l’impression que je vais tomber. Je ne sais même plus où je suis.» Le mois suivant, elle se donnait la mort dans sa classe.

Cette tragédie a poussé des dizaines de milliers de profs du primaire à faire une grève inédite, ce lundi, malgré les menaces de sanctions du Ministère de l’éducation. Ils se disent poussés à bout par des parents hyper­revendicatifs, qui les contac­tent à toute heure, même le week-end. Comme l’a révélé un proche, la jeune femme de 23 ans avait été bombardée de protestations après qu’elle avait réprimandé un élève qui en avait balafré un autre en lui donnant un coup de crayon.

Son cas, devenu emblématique, n’est pas unique. Pour les syndicats, c’est une loi de 2014 censée protéger les enfants contre les abus qui rend la situation ingérable. Retenir un élève violent peut être dénoncé, même hausser la voix peut être considéré comme un «abus émotionnel». Avec pour conséquence une suspension du ou de la prof. La BBC cite l’exemple de parents ayant porté plainte après que l’enseignant a refusé de téléphoner à un élève pour le tirer du lit.

Obsession pour la réussite

Dans une Corée du Sud où la natalité s’est effondrée, le succès du fils ou de la fille – le plus souvent unique – est une obsession. Dès le plus jeune âge, il s’agit d’obtenir les meilleures notes (moyennant de coûteux cours supplémentaires) afin d’entrer dans les meilleures universités. Selon Kwon, jeune prof gréviste, cette course à la réussite perturbe profondément les élèves: «Ils ne savent pas comment relâcher la pression, alors ils finissent par se faire mal les uns aux autres.» 

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