états tiersCouples à distance: Berne accepte de rouvrir les frontières
Face à une campagne orchestrée sur les réseaux sociaux, la Confédération va faire une exception à ses restrictions d’entrée. Reste à définir des règles pour éviter les abus.

Solange pourrait bientôt pouvoir revoir son copain Diego, qui vit en Colombie, grâce à une exception prévue par Berne.
DRElle vit en Suisse, son copain en Colombie. Depuis la fermeture des frontières, Solange, 31 ans, n’avait plus d’espoir de revoir rapidement Diego, qu’elle a rencontré lors d’un séjour de plusieurs mois en Amérique du Sud. La Suisse n’accepte pour l’heure plus les entrées pour raisons touristiques aux ressortissants des états tiers (hors Schengen et hors UE). Plusieurs jeunes couples, qui vivent à distance et sans être mariés, sont concernés et les témoignages affluent.
La situation est identique dans la quasi totalité des pays européens. Une campagne sur les réseaux sociaux a récemment été lancée à large échelle pour exiger des Etats qu’ils fassent une exception et lèvent leurs restrictions pour les couples non-mariés qui attendent de se retrouver.
La Suisse dit oui
Avec le hashtag «LoveIsNotTourism», des couples ont inondé internet de leurs témoignages et exercé une grosse pression via notamment une multitude de pétitions. En Suisse, le mouvement a été publiquement soutenu par les Verts et par le PS. Le Danemark, la Norvège et l’Autriche ont initié le mouvement: les gouvernements de ces trois pays ont accepté de laisser entrer les conjoints.
Et la Suisse va devenir l’un des rares pays à suivre. «Nous avons beaucoup de compréhension pour les personnes dans cette situation. Nous allons adapter le plus vite possible nos conditions d’entrée», a expliqué vendredi dernier Barbara Büschi, directrice suppléante au Secrétariat aux migrations.
Des critères à fixer
Le président des Verts Balthasar Glättli s’est réjoui de la décision mais a précisé: «Restons prudents avant de sabrer le champagne». Et pour cause: la Suisse ne va pas non plus ouvrir les vannes sans contrôles. Pas question de faire entrer en Suisse son «match» Tinder que l’on n’a pas encore rencontré. Pas question non plus de faire semblant d’être en couple pour faire immigrer n’importe qui. «Nous sommes en contact avec le Danemark, l’Autriche et la Norvège et travaillons avec les douanes et le Département des affaires étrangères pour fixer les critères d’autorisation d’entrée», a ajouté Barbara Büschi. La Suisse devrait faire entrer en vigueur sa politique au début du mois d’août et doit préciser les modalités et moyens de contrôles avant la fin juillet.
Après combien de mois est-on «vraiment» en couple?
Au Danemark, les personnes venant d’états tiers qui souhaitent entrer dans le pays retrouver leur partenaire doivent remplir un formulaire et déclarer sur l’honneur qu’ils sont en couple «depuis plus de trois mois» et que la relation est basée «sur des rencontres réelles». Le gouvernement danois rappelle également à ceux qui donneraient de fausses informations qu’ils seront punis d’amende ou d’une peine de prison allant jusqu’à quatre mois. La Norvège se montre légèrement plus stricte: pour elle, on peut dire qu’on est en couple seulement après neuf mois. Par contre, les partenaires doivent pouvoir prouver qu’ils se sont rencontrés physiquement… seulement une fois. La liste des pays à avoir annoncé une ouverture des frontières pour les couples s’allonge: depuis l’annonce de la Suisse, les Pays-Bas et la République tchèque ont également suivi. La Belgique est pressentie pour être la prochaine sur la liste.