VAUD/GENÈVECovid-19: des séquelles qui ne les quittent plus
Des gens souffrent de syndromes du Covid-19 des mois après avoir été malades. CHUV et HUG lancent des études sur ces cas inexpliqués.

La persistance de symptômes sur le long terme demeure encore un mystère pour le monde médical.
iStock«Cuisiner était un de mes seuls plaisirs durant le semi-confinement, explique Virginie. Alors j’ai un peu déprimé en raison de ma perte totale d’odorat.» Cette Lausannoise de 34ans a été contaminée au Covid-19 fin mars. Mal de gorge, fièvre, grosse fatigue… Son médecin l’avait mise en arrêt maladie cinq jours, puis elle avait télétravaillé depuis chez elle. «Après trois semaines, j’ai constaté avec mon docteur que j’étais rétablie, pourtant je ne ressentais toujours aucun arôme.» Cette séquelle a perduré jusqu’en juillet.
Quant à Nicola, 52ans, il a été gravement touché au printemps. Hospitalisé, il a dû être intubé. Six mois plus tard, il travaille à 100% et dit tenter de retrouver une «vie normale» malgré des symptômes persistants très gênants: «Je n’ai retrouvé ni goût ni odorat et je souffre de fatigue ainsi que de pertes de mémoire.»
40% des gens atteints du Covid-19 ont des symptômes sur du long terme
Interrogés sur ces séquelles qui durent, les hôpitaux universitaires genevois et vaudois ont entamé des études à ce sujet. «Nous suivons actuellement 672 patients en ambulatoire, atteints du Covid-19 depuis mars, que nous avons rappelés à 1 et 3 mois, et maintenant à 6 mois, pour suivre leurs symptômes», explique Mayssam Nehme, cheffe de clinique au Service de premiers secours des HUG, avant de préciser: «Environ 40% ont des symptômes sur du long terme.»
Chef de service au CHUV, le professeur Peter Vollenweider constate que le mécanisme exact de ces syndromes chroniques n’est pas encore compris: «Nous n’avons pas encore de statistiques, mais des études de suivi viennent de débuter.» Le professeur Peter Vollenweider évoque cependant une piste pour expliquer ces séquelles post-Covid. «Dans les cas sévères, il peut s’agir de conséquences de certains traitements, en particulier si les patients ont été longtemps aux soins intensifs avec une ventilation mécanique par intubation, déclare- t-il. Certaines complications lors de longs séjours aux soins intensifs sont connues, indépendamment du type de la maladie aiguë à l’origine de l’hospitalisation.»
Assurances maladie, sociale, voire invalidité
Faîtière des assureurs maladie, Santésuisse dit suivre le développement de la situation avec attention. «Dans les cas évoqués, l’assurance maladie interviendra pour couvrir les coûts des prestations qui serviront à traiter la maladie ou ses séquelles, explique le responsable communication Christophe Kaempf. Les autres problématiques concernent, elles, diverses assurances sociales, par exemple perte de gain, voire frais éventuels de reconversion professionnelle avec l’assurance invalidité (AI).»
Cheffe du service du personnel de la ville de Lausanne, Vesna Stanimirovic détaille: «Si des séquelles du Covid-19 persistent et que des collaborateurs de la Ville sont empêchés de travailler, ils fournissent un certificat médical. Ils peuvent également recourir aux conseils et prestations en matière de médecine du travail, notamment pour que le retour au travail se passe au mieux.»