CriminalitéA Genève, 142 viols ont été dénoncés en 2024
La statistique policière met en exergue la hausse des vols avec violence, de la violence des mineurs, de la cybercriminalité et des infractions à l'intégrité sexuelle.

La police présentait ce lundi les statistiques criminelles de l'année 2024 (image d'illustration).
Augmentation des brigandages, c'est-à-dire des vols avec violence: +68%. Augmentation de la cybercriminalité économique: +38% (pour 3869 cas). Augmentation des violences des mineurs: +15%. Augmentation des infractions à l'intégrité sexuelle: +19%. Voici les points saillants du tableau statistique qu'offre le «bilan de la criminalité genevoise», présenté lundi par la police, afin de comparer les chiffres de 2024 avec ceux de 2023.
Au rang des bonnes nouvelles, les infractions contre la vie et l'intégrité corporelle ont chuté (-15%). Celles en lien avec les stupéfiants (-29%) aussi. Reste que ces indicateurs sont, comme toujours, à prendre avec du recul, car ils sont pour certains très liés à l'activité policière (un constat particulièrement vrai pour les stupéfiants). D'ailleurs, sur 35'000 heures consacrées en 2024 à la lutte contre la drogue, 23'000 ont été dédiées au crack. L'effort permet assurément de sécuriser le domaine public, pas forcément de mettre la main sur d'importantes quantités (il est à noter qu'en 2024, le nombre de saisies à la douane a chuté de 1400 unités).
Viols dénoncés en hausse de 60%
Le constat sur la valeur relative des statistiques est similaire pour les infractions à l'intégrité sexuelle: 632 ont été dénombrées en 2024, contre 530 l'année précédente. Le phénomène est encore plus frappant pour les viols, en hausse de 60%: en 2024, la police en a traité 142 (dont 74% ont eu lieu entre quatre murs et un tiers dans le cadre de violences domestiques), contre 89 en 2023.
«A la fois alarmant et rassurant»
«C'est le volume le plus élevé depuis 2017», observe Richard Boldrini, le chef de la police judiciaire, qui ne se fait pas d'illusion: on n'a ici affaire qu'à la pointe de l'iceberg. «Le taux d'annonce est extrêmement bas, car pour les victimes, il s'agit d'un chemin de croix.» La police pense ainsi que cette hausse est en bonne partie due à la libération de la parole et à l'amélioration de la prise en charge. «Les victimes ont pris conscience qu'on peut dénoncer. Les chiffres sont donc à la fois alarmants et rassurants.»
Les vols au couteau se multiplient
Parmi les statistiques présentées ce lundi, celle des brigandages est peut-être la plus frappante: 274 vols avec violence ont été recensés en 2024, contre «seulement» 163 en 2023, soit +68%. Pour le modus operandi, les forces de l'ordre constatent une prépondérance de l'usage de couteaux. A ce jour, 219 auteurs ont été arrêtés, dont 41% étaient des mineurs. Pour le reste, des bandes organisées venant notamment de Lyon et de Naples continuent à opérer sur le territoire genevois.
Alors que la violence des mineurs augmente (notamment +62% d'implication dans les rixes et +48% dans les agressions), les victimes d'infractions sont de plus en plus âgées, une observation «potentiellement imputable au vieillissement de la population». Près de la moitié des cibles de vols à l'astuce ont en effet plus de 65 ans. Les escroqueries à la fausse qualité (faux policier, faux banquier, etc.) ont également le vent en poupe. Dans un cas sur quatre, elles visent les retraités. La police indique qu'elles sont le fait de groupes criminels travaillant depuis la France. Fait nouveau, de jeunes locaux sont de plus en plus souvent recrutés sur Snapchat comme petites mains. «Il va falloir casser cette spirale», indique Richard Boldrini.